Il est des jours où le soleil, malgré sa présence, semble voilé, où sa lumière, au lieu d’inonder le monde de chaleur, ne fait qu’effleurer les surfaces, laissant derrière elle une sensation d’incomplétude. Ce matin d’hiver à Montréal, où le froid s’infiltre dans les moindres interstices, transformant chaque souffle en un nuage éphémère, était l’un de ces jours. Les rues, recouvertes d’un manteau de neige immaculée, étaient étrangement silencieuses, comme si la ville elle-même avait suspendu son agitation pour contempler ce paysage figé.
Je me tenais devant ma fenêtre, une tasse de café entre les mains, observant les flocons tomber doucement, leur danse lente et hypnotique. Le monde extérieur semblait lointain, presque irréel, comme une peinture où chaque détail avait été soigneusement appliqué, mais où il manquait encore la touche finale. Mes pensées dérivaient au gré des souvenirs, lorsque le son d’un coup léger contre ma porte me ramena brusquement à la réalité. Un facteur, emmitouflé dans un manteau épais, me tendit une enveloppe. Rien de particulier à signaler dans ce geste, sinon peut-être le poids de l’enveloppe dans ma main, une densité inhabituelle pour une simple lettre.
Je refermai la porte, le froid extérieur ayant déjà laissé sa marque sur la chaleur confortable de mon appartement. Assis à ma table, je contemplai l’enveloppe avant de l’ouvrir, ressentant une étrange appréhension, comme si les mots qu’elle contenait allaient bouleverser l’équilibre précaire de cette matinée tranquille. L’écriture familière de Paul me sauta aux yeux, et une vague de nostalgie m’envahit aussitôt. Paul, ce vieil ami dont la présence s’était éloignée au fil des années, dispersée par les aléas de la vie, restait gravé dans ma mémoire, associé à des moments d’une intensité rare, où la vie semblait s’épanouir dans toute sa complexité.
En savoir plus sur Le blog de Thélyson Orélien
Subscribe to get the latest posts sent to your email.