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Accueil Culture

Des coqs et des hommes : les « gaguères » haïtiennes face aux défis contemporains

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
27 juillet 2024
dans Culture
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Les Jeux Olympiques de Paris captivent l’attention mondiale, mais en Haïti, une compétition tout aussi intense se déroule : les combats de coqs, connus sous le nom de gaguère. Cette pratique, ancrée dans la culture haïtienne, joue un rôle crucial dans la vie quotidienne, structurant les interactions sociales et les dynamiques économiques.

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Le philosophe Bérard Cénatus explique que le jeu, loin d’être un simple divertissement, est une nécessité pour de nombreux Haïtiens. La gaguère, principalement pratiquée dans les zones rurales, est un lieu où les hommes se rassemblent pour assister à des combats de coqs. Ces affrontements ne sont pas seulement un spectacle mais une véritable institution sociale avec des règles et des rituels bien établis.

Les combats de coqs en Haïti ont des racines historiques profondes et sont comparables à des pratiques similaires dans d’autres régions du monde, comme Porto Rico, la République dominicaine et même Bali. En Haïti, les combats de coqs existent depuis des siècles et sont devenus une part intégrante de la culture rurale et urbaine.

En Haïti, les combats de coqs sont étroitement liés à la masculinité et à des métaphores de virilité. Ils sont souvent associés à des pratiques magico-religieuses, notamment le vaudou, où les rêves et les rituels influencent les décisions des participants. Les coqs de combat sont parfois perçus comme des extensions des combattants eux-mêmes, avec des prières et des sortilèges visant à garantir leur victoire. Cette dimension spirituelle ajoute une complexité à l’activité, la transformant en un phénomène où le monde tangible et le monde surnaturel se croisent.

Les éleveurs de coqs consacrent beaucoup de temps et de soin à préparer leurs animaux pour les combats. Ils les nourrissent et les entraînent selon des méthodes spécifiques, souvent transmises de génération en génération. Les compétitions sont des événements communautaires où les spectateurs parient sur les résultats, ajoutant une dimension économique notable à l’activité.

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Les gaguères ne sont pas seulement des lieux de jeu mais aussi des centres d’activité économique. Les éleveurs, les maîtres gaguères et les parieurs forment un réseau dynamique avec des flux monétaires significatifs. Les coqs peuvent se vendre à des prix très élevés, parfois atteignant plusieurs centaines de dollars, ce qui est notable dans un pays où le revenu annuel moyen est relativement bas. Les maîtres gaguères gagnent de l’argent en vendant des billets d’entrée, en prenant une part des paris et en louant des espaces aux vendeurs de nourriture et d’autres marchandises. Ces transactions représentent une part importante de l’économie informelle en Haïti, offrant des opportunités financières à ceux souvent exclus des circuits économiques formels.

Les combats de coqs renforcent les liens communautaires. Les rassemblements autour des gaguères permettent aux individus de différentes couches sociales de se rencontrer, d’échanger et de participer à une tradition commune. Cette interaction sociale contribue à une identité collective et à une solidarité communautaire, des aspects cruciaux dans un contexte où les infrastructures et les services publics peuvent être déficients.

Les combats de coqs ne sont pas uniques à Haïti. Dans d’autres cultures, des jeux similaires existent et jouent des rôles tout aussi importants. À Bali, par exemple, les combats de coqs sont intégrés dans des rituels religieux et sont considérés comme des offrandes aux dieux. En Amérique Latine, notamment en République dominicaine et à Porto Rico, ces combats sont également populaires et représentent une forme de divertissement culturel et social. Cependant, les implications économiques et les structures sociales entourant ces pratiques peuvent varier, offrant des perspectives comparatives intéressantes sur la manière dont les jeux de hasard et de compétition peuvent influencer et refléter les dynamiques sociales et économiques locales.

Combats de coqs à Bali

Les combats de coqs sont présents dans toute Haïti, des zones rurales aux villes, bien que leur forme et leur organisation puissent varier. Dans les campagnes, les gaguères sont souvent situées dans des endroits reculés, tandis que dans les centres urbains, elles peuvent être plus modernes et accessibles. L’urbanisation croissante du pays modifie également la nature de ces jeux, les intégrant de plus en plus dans le tissu social et économique urbain.

Les jeux d’argent en Haïti, comme les combats de coqs, révèlent et structurent l’espace socio-économique du pays. Ils fonctionnent comme des secteurs d’activité à part entière, largement informels, et représentent une part importante de l’économie locale. L’absence de contrôle étatique ou communal sur ces jeux et les flux monétaires qu’ils génèrent souligne l’importance de l’économie informelle dans la survie quotidienne des Haïtiens. Les jeux offrent une échappatoire, un moyen de rêver et de croire en un futur meilleur, malgré les défis économiques et sociaux.

Les enquêtes de terrain ont permis de nuancer l’hypothèse de départ d’une ruralité de la gaguère et d’une urbanité de la borlette. Certes, les combats de coqs se pratiquent surtout dans le monde rural. Une enceinte close, des lieux peu évidents à localiser à des heures de marche dans les mornes : les combats de coqs s’adressent à un public d’initiés, on n’y assiste pas par hasard. Les gaguères rurales s’apparentent à de petits casinos de campagne, où viennent se mesurer et se divertir les hommes des environs. Mais il existe aussi des gaguères en ville, l’assistance y est plus dense et ne vient pas nu-pied des mornes mais à moto depuis les environs. Il existe même au moins une gaguère à Pétion-Ville, la banlieue aisée de Port-au-Prince.

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Les gaguères évoluent également : un jeune homme interviewé veut introduire en province, à Jérémie, ce qu’il a vu à la capitale : une gaguère modernisée, avec une pesée des coqs, une approche « plus scientifique, des écrans et des jeux vidéo ». En ville, « battre les coqs » est un loisir parmi d’autres, il existe souvent une ou deux grosses gaguères qui polarisent les combats majeurs ; aux Abricots, les gaguères sont omniprésentes sur le territoire communal. La carte du semis de gaguères, effectuée d’après des relevés de terrain, permet de visualiser la densité de ce semis qui ne se superpose pas à la présence de routes carrossables. Se devinent, entre les gaguères, les très nombreux chemins qui relient les lieux d’habitat dispersé ; la grande majorité des déplacements se fait à pied. Il apparaît aussi nettement que la limite des cinq gaguères par section communale est loin d’être respectée.

Les sommes d’argent circulant dans les gaguères sont parfois considérables, qu’il s’agisse du prix des coqs de combat ou des sommes pariées dans les gaguères. Qui en vit ? Tout d’abord les éleveurs, spécialisés dans les coqs-qualités c’est-à-dire destinés aux combats. Les coqs-pangnol, venant de l’est de l’île, sont réputés les meilleurs combattants et leur prix atteignent des centaines de dollars. L’activité d’élevage est parfois pratiquée en parallèle d’une autre activité comme c’est le cas pour ce policier, travaillant sur la commune des Abricots mais résidant à Port-au-Prince où il a un élevage. Il explique que c’est grâce à l’argent gagné avec les coqs qu’il peut subvenir aux besoins de sa famille. Une fois les coqs prêts à combattre, il les revend à des amateurs « combattants ». Certains sont spécialisés dans le commerce de ces coqs, sans les élever, à l’instar de ce Dominicain rencontré dans l’une des plus importantes gaguères de Port-au-Prince et qui vient régulièrement vendre en Haïti des coqs élevés dans le pays voisin. Ces coqs peuvent se monnayer à plus de 800 $US dans un pays où le PIB annuel par habitant ne dépassait pas 1100 $US en 2010.

Les maîtres gaguères sont ceux qui possèdent les lieux où se déroulent les combats. Leurs recettes proviennent de la vente des tickets d’entrée dont le prix varie selon l’importance de la gaguère ; de l’ensemble des pourcentages perçus sur chaque pari ; du montant des loyers des emplacements loués aux organisateurs d’autres jeux (cartes, borlette) ou aux marchands de nourriture et de boissons. Souvent, on est maître gaguère de père en fils.

Les combats de coqs tissent donc des liens entre les mornes que pénètre peu à peu la borlette. Ces deux jeux reflètent deux moments et deux dimensions de la société haïtienne contemporaine mais qui se croisent, se juxtaposent, s’entremêlent puisque ceux qui s’adonnent aux combats de coqs peuvent parallèlement s’adonner à la borlette. Le postulat de départ s’est trouvé complexifié par l’enquête et on ne peut réduire l’analyse de ces deux jeux au basculement du rural à l’urbain, du collectif à l’individuel. Ces deux jeux participent à structurer l’espace socio-économique haïtien : gaguères et banques de borlette sont des lieux d’affluence et de rassemblement, auxquels l’appât du gain vient donner un caractère parfois substantiel. « Il n’y a tellement pas de travail qu’on achète de l’espoir. Supprimer les jeux, c’est priver les gens de rêver ». Ces jeux fonctionnent comme des secteurs d’activité à part entière, largement informels, prenant le relais de l’économie impuissante.

Ainsi, avec bien plus de temps et de moyens que la présente étude, on pourrait dresser une cartographie des heures limites d’enregistrement des paris sur l’ensemble de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, ce qui donnerait une bonne vision des distances-temps. De la même façon que dresser une cartographie des connexions ludiques permettrait d’avoir une autre vision de la diaspora haïtienne et des relations caribéennes, au-delà des échanges classiques.

L’étude montre aussi que l’on ne peut aborder les jeux en Haïti sans toucher au domaine des représentations, de la conception du monde, de la métagéographie. Cela permet de dépasser la dénomination classique de jeux de « hasard » pour la loterie qui apparaît ici comme une pratique liée à la transcendance, mettant en rapport monde concret et monde surnaturel. L’absence de contrôle, que ce soit étatique ou communal, sur ces jeux et les sommes d’argent qu’ils génèrent semble symptomatique d’un pays qui se dérobe sans cesse à l’analyse, peut-être précisément parce qu’y coexistent avec force divers degrés de réalités.

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Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

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