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Les jours défilaient, imperturbables, dans ce Montréal hivernal où le froid semblait suspendre le temps. La lettre de Paul, lue et relue, continuait de résonner en moi, ses mots infusant mon quotidien d’une gravité nouvelle. Chaque geste, chaque mouvement, semblait désormais investi d’un poids insoupçonné, comme si le moindre détail recelait une signification cachée, insaisissable.

Paul avait décrit avec une précision désarmante comment les gestes les plus simples, ceux que l’on accomplit machinalement, étaient devenus pour lui des épreuves insurmontables. Les actions ordinaires, autrefois exécutées sans y penser, étaient désormais de véritables combats contre un corps récalcitrant, une machine qui se déréglait inexorablement. Cette dégradation progressive, ce passage de la maîtrise à l’impuissance, résonnait en moi comme une mélodie dissonante, où chaque note évoquait l’effritement inéluctable de ce qui fait de nous des êtres humains.

Paul parlait de sa main, autrefois ferme, tremblant désormais au moindre effort. Tenir un stylo, écrire quelques mots, étaient devenus des défis. Chaque mot tracé était une victoire arrachée à la douleur, une affirmation de son humanité face à un corps qui le trahissait. Mais cette victoire avait un goût amer, car elle lui rappelait inévitablement tout ce qu’il avait perdu.


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