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Les jours passaient, indifférents, se succédaient avec une monotonie implacable, comme si le temps lui-même avait décidé de se fondre en une seule masse indistincte. À chaque relecture de la lettre de Paul, ses mots prenaient une signification nouvelle, se détachant de leur première interprétation pour se transformer en échos résonnant plus profondément en moi. Chaque phrase, autrefois claire, devenait un fragment d’un puzzle complexe, un morceau de vérité voilé de nuances et d’interrogations. Les pensées de Paul, éparpillées sur le papier, s’entremêlaient avec les miennes, créant un réseau dense de réflexions où la réalité semblait se diluer.

Paul avait toujours été un homme pour qui les mots avaient une valeur sacrée, non seulement comme outils de communication, mais comme miroirs de l’âme. Dans cette lettre, cependant, ses mots étaient différents. Ils étaient empreints d’une gravité, d’une urgence que je ne leur avais jamais connue. Ils portaient en eux une vérité nue, dépouillée des ornements habituels, comme si Paul avait volontairement choisi de retirer toute fioriture pour atteindre une forme de sincérité ultime. Pourtant, cette sincérité n’apportait pas de clarté. Au contraire, elle amplifiait l’incertitude, créant un effet de miroir infini où chaque réflexion en entraînait une autre, sans jamais offrir de réponse définitive.

Il évoquait sa maladie, cette présence insidieuse qui grignotait son existence, réduisant son corps à une mécanique défaillante. Ce corps, autrefois source de plaisir et de vie, était devenu une prison, un fardeau dont il ne pouvait se défaire. Les gestes simples, autrefois automatiques, étaient maintenant accompagnés d’une douleur lancinante, d’une conscience aiguë de leur fragilité. Il parlait de la fatigue, cette lassitude omniprésente, non seulement physique, mais mentale, émotionnelle, une torpeur qui l’enveloppait chaque jour un peu plus, le plongeant dans un état dont il avait de plus en plus de mal à s’extraire.


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