Une initiative écologique au cœur des Gonaïves
Au cœur des efforts mondiaux pour contrer les changements climatiques, une initiative lumineuse émerge des Gonaïves, en Haïti. Le projet Bioénergie Haïti, fruit d’un partenariat entre l’organisation Terre des Jeunes et Biothermica Technologies Inc., incarne une réponse concrète et innovante à un défi environnemental global.
Ce projet exemplaire transforme la gestion des déchets en une opportunité de développement durable, de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de production d’énergie propre. À une époque où les impacts des changements climatiques se font sentir avec une intensité croissante dans les régions les plus vulnérables du globe, Bioénergie Haïti apporte une preuve tangible que les solutions locales peuvent avoir un impact global.
Terre des Jeunes : une organisation visionnaire
Mon histoire avec Terre des Jeunes commence bien avant 2007, aux Gonaïves. J’ai eu le privilège de collaborer avec eux dans des initiatives marquantes telles que la Fête de l’arbre, qui mobilisait chaque année des communautés pour planter des centaines d’arbres.
Joel Augustin, agronome de formation et président de Terre des Jeunes Haïti, est l’âme de cette organisation. Il s’est investi sans relâche pour mener des projets visant à restaurer l’environnement et à sensibiliser les générations futures. Terre des Jeunes, fondée en Italie en 1985, est aujourd’hui active dans 15 pays et reconnue par des distinctions prestigieuses, dont le Prix Global 500 des Nations Unies.
Cette distinction, reçue en 1990 à Mexico, venait saluer la plantation de millions d’arbres dans le cadre de la campagne « J’ai planté un arbre pour toi ». L’organisation, désormais partenaire et observateur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), incarne une dynamique exemplaire de mobilisation citoyenne. Aujourd’hui, le siège social de Terre des Jeunes est établi au Québec, Canada, renforçant son rayonnement international.
Bioénergie Haïti : un projet innovant
Le partenariat entre Terre des Jeunes et Biothermica Technologies Inc. a marqué un tournant décisif dans cette aventure. Ensemble, ils ont fondé Bioénergie Haïti en 2012. Cette organisation non lucrative, active dans la région de l’Artibonite et les Gonaïves, se consacre à la mise en place d’un système de gestion des déchets et de valorisation énergétique.
Les Gonaïves, surnommée “la cité de l’indépendance”, est une ville d’une importance historique fondamentale pour Haïti. C’est ici, le 1er janvier 1804, que l’acte de l’indépendance d’Haïti a été proclamé, faisant du pays la première république noire indépendante du monde. Ce projet est né d’une vision ambitieuse : transformer un problème de santé publique et d’environnement en un levier de développement durable.
En 2017, grâce à une subvention du gouvernement du Québec dans le cadre du Programme de coopération climatique international, Bioénergie Haïti a lancé ses premières opérations de collecte. Depuis, elle gère entre 5 000 et 7 000 tonnes de déchets par an, tout en prévoyant d’atteindre 100 000 tonnes d’ici 2027. Ce volume témoigne non seulement de l’ampleur du défi, mais aussi de la capacité d’innovation et d’organisation de l’équipe sur le terrain.
Le projet de Bioénergie Haïti est ambitieux et structuré autour de trois volets : la collecte des matières résiduelles, la construction d’un lieu d’enfouissement technique (LET) et la production d’électricité. Le LET, véritable centre technologique, comprendra une station de pesée, un bassin de traitement des lixiviats et un système de captage des biogaz. Une centrale au biogaz de 1 MW, opérationnelle en 2024, et une centrale photovoltaïque de 2 MW, déjà installée en 2022, viendront compléter ce dispositif. Ensemble, ces infrastructures permettront de produire une énergie propre et durable, tout en réduisant la dépendance énergétique du pays.
Restaurer et préserver les mangroves
Ce projet innovant va plus loin qu’une simple gestion des déchets. Il ambitionne également de restaurer les écosystèmes fragilisés. Bioénergie Haïti s’attaque à un autre défi environnemental majeur : la préservation des mangroves.
Ces écosystèmes côtiers, essentiels pour la protection contre les aléas climatiques et la pêche locale, sont en danger en raison des pressions humaines et de la montée du niveau de la mer. Aux Gonaïves, où se trouve la plus grande mangrove des Caraïbes, l’organisation a lancé une campagne ambitieuse pour planter 60 000 arbres en trois ans.
Ce projet inclut également des initiatives pour améliorer les conditions de vie des pêcheurs, en leur offrant des installations de réfrigération pour conserver leurs prises, ce qui réduit la pression sur la coupe de bois. Ces efforts combinent restauration environnementale et développement économique, démontrant que les deux objectifs ne sont pas incompatibles.
Un impact global : vers un futur durable
Les retombées de ces projets vont bien au-delà de l’environnement. Sur une période de 25 ans, Bioénergie Haïti prévoit de réduire de 7,3 millions de tonnes les émissions de CO₂, d’économiser deux millions de barils équivalents pétrole et de renforcer la balance commerciale haïtienne de 150 à 200 millions de dollars.
Plus de 600 emplois directs et indirects seront créés, tandis que la vente de crédits carbone sur le marché international générera des revenus supplémentaires. Enfin, ces initiatives contribueront à rendre les Gonaïves plus propres et attractives pour le tourisme. De plus, le projet ambitionne de devenir une vitrine écologique et technologique, pouvant inspirer et être répliquée dans d’autres régions du pays.
Ce projet est un exemple concret de la manière dont les solutions locales peuvent s’inscrire dans les engagements internationaux pour le climat, tels que ceux discutés lors de la COP29. À une époque où la gestion des matières résiduelles est un défi mondial, Bioénergie Haïti montre que des approches innovantes et adaptées aux réalités locales sont possibles. Grâce à des alliances stratégiques avec des partenaires internationaux, cette initiative offre un modèle de durabilité qui peut être reproduit ailleurs.
Haïti, souvent perçue à travers le prisme des catastrophes naturelles et des crises politiques, se réinvente. Des projets comme Bioénergie Haïti ne sont pas seulement des réponses à des défis environnementaux ; ils sont des vecteurs d’espoir et des moteurs de changement. Ils rappellent que même dans les contextes les plus difficiles, l’innovation et la collaboration peuvent transformer des problèmes en solutions.
En regardant vers l’avenir, la COP29 offre une plateforme pour mettre en lumière des initiatives comme celle de Bioénergie Haïti. Ces efforts montrent que chaque action, même locale, peut avoir un impact global. Le leadership de Joel Augustin et de Terre des Jeunes est un témoignage puissant de ce que la passion, l’engagement et l’innovation peuvent accomplir. Il ne s’agit pas seulement d’un projet technologique ou environnemental, mais d’une véritable vision pour un avenir meilleur.
Alors que le monde s’efforce de trouver des solutions aux crises climatiques, Bioénergie Haïti se distingue comme une lueur d’espoir. Il est temps que nous soutenions, amplifiions et reproduisions ces initiatives pour construire un futur durable pour tous. Haïti, avec ses défis et ses opportunités, s’impose comme un acteur clé dans cette lutte mondiale pour la préservation de notre planète.
PS : Les photos et informations de cet article ont été aimablement fournies par Joel Augustin, président de Terre des Jeunes Haïti et représentant de Bioénergie Haïti.
Découvrez les initiatives écologiques et les projets innovants de Terre des Jeunes Transnational et Bioénergie Haïti en visitant leurs sites web :
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