Le temps, ce fil invisible qui relie chaque instant de notre existence, semblait se désagréger sous le poids de la maladie qui accablait Paul. Ses pensées, autrefois si claires et ordonnées, s’éparpillaient désormais en fragments désordonnés, comme les pages d’un livre jetées au vent. Dans sa lettre, Paul décrivait cette sensation étrange, presque irréelle, de voir le temps se décomposer, se morceler en éclats de conscience où passé, présent et futur se confondaient en un enchevêtrement confus.
Il parlait de moments où il perdait la notion du temps, où les heures s’étiraient ou se contractaient de manière imprévisible. Parfois, il lui semblait que des jours entiers s’étaient écoulés alors qu’il n’avait pas bougé de son fauteuil, la lumière du jour déclinant sans qu’il ne s’en aperçoive. D’autres fois, les minutes s’étiraient en une lente agonie, chaque seconde devenant une éternité de douleur et de réflexion. Ce phénomène, qu’il appelait « la déchirure du temps », l’angoissait profondément, car il lui faisait perdre ses repères, le plongeant dans une réalité où rien ne semblait avoir de sens.
Cette expérience de la déchirure du temps n’était pas seulement une conséquence de sa maladie, mais aussi le reflet de son état mental. Paul devenait de plus en plus obsédé par la question de la dignité, par ce que signifiait réellement vivre une vie digne. Il passait des heures à réfléchir à ces questions, à tenter de comprendre ce que la dignité humaine impliquait vraiment, et si elle pouvait encore exister dans un corps qui trahissait peu à peu son esprit. Ces réflexions, autrefois structurées et logiques, devenaient maintenant des spirales de pensées, des cercles vicieux où chaque tentative de réponse ne faisait que soulever de nouvelles questions.
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