La Syrie, l’affaire Snowden, les droits des minorités sexuelles : autant de sujets brûlants auxquels vient désormais s’ajouter la crise ukrainienne. Ce qui se joue actuellement dans la péninsule sud de l’Ukraine est d’une gravité inquiétante pour le reste du monde. La situation politique de la nouvelle “République de Crimée”, reconnue par Moscou, ravive les tensions entre les grandes puissances nucléaires que sont les États-Unis et la Russie, renouant avec une rivalité qui, jadis, a plongé le monde dans un état de choc pendant plusieurs décennies.
Rien n’est plus souhaitable aujourd’hui qu’un règlement pacifique des différends pour éviter une résurgence de la guerre froide, à un moment où les nations, toutes confondues, aspirent à une reprise économique et à une stabilité sociale, après des crises mondiales successives. L’autoritarisme de la Russie s’est manifesté par l’invasion armée du pays voisin, sous le prétexte de protéger les intérêts de la population russophone, majoritaire à plus de 80%, après le renversement du gouvernement ukrainien par un soulèvement populaire. Cette invasion russe est peut-être brutale, et l’on ne saurait la justifier ; mais l’histoire récente nous enseigne que les invasions, et parfois pire, ne sont pas l’apanage d’une seule nation. Les exemples de l’Irak en 2003, de l’Afghanistan en 2001, du Panama en 1989, ou du Vietnam en 1954 en témoignent. Inutile de remonter jusqu’à Hitler pour trouver des antécédents d’ingérence et d’occupation.
L’annexion de la République autonome de Crimée par la Russie, officialisée ce dimanche 16 mars 2014 par le président Vladimir Poutine, a été soutenue par un référendum aux résultats écrasants de 96,7 % en faveur de cette annexion. Un plébiscite réalisé sous occupation militaire russe et boycotté par les minorités ukrainiennes et tatares de la région. Il est difficile de ne pas douter de la transparence d’un tel processus.
Les représailles annoncées par les États-Unis et leurs partenaires européens, sous forme d’interdictions de visas et de gel des avoirs à l’étranger pour les fonctionnaires russes, sont certes une réponse diplomatique forte, mais plusieurs nations européennes dépendent de l’approvisionnement en gaz russe, ce qui limite leur marge de manœuvre.
Le référendum, aussi illégitime et illégal soit-il selon les déclarations conjointes des États-Unis et de l’Union européenne, reste néanmoins un fait accompli. Face à cette réalité, il ne reste plus qu’à espérer que Russes et Ukrainiens retrouvent le chemin de la tolérance et de la coexistence pacifique, afin d’éviter des affrontements sanglants entre militaires et civils, déjà engagés dans des milices d’autodéfense.
Les sanctions occidentales semblent destinées à isoler la Russie, mais elles pourraient bien précipiter le monde dans une nouvelle guerre froide, aux conséquences potentiellement catastrophiques pour tous. En cette ère de mondialisation, où les conflits régionaux peuvent rapidement dégénérer en crises internationales, chaque petit conflit, s’il est mal géré, peut provoquer des frissons dans les superpuissances et déclencher des turbulences mondiales.
Le poète René Char l’avait prédit : « Viendra le temps où les nations, sur la marelle de l’univers, seront aussi étroitement dépendantes les unes des autres que les organes d’un même corps, solidaires en son économie. » Devons-nous encore espérer et attendre qu’un tel moment advienne ?
Y a-t-il encore une place pour le dialogue entre les parties impliquées (Russes et Occidentaux), alors que les accusations mutuelles semblent avoir atteint un point de non-retour ? La communauté internationale se doit de rester attentive et vigilante face à ce conflit, qui, bien qu’éloigné, a des répercussions potentielles sur la stabilité mondiale. Là où les principes du droit international et de l’autodétermination des peuples sont bafoués, c’est toute la planète qui est en danger.
Les États-Unis et l’Union européenne envisagent des sanctions supplémentaires, les pays du G7 ont déclaré le référendum illégal, mais aucun bloc occidental ne semble en mesure d’empêcher le démembrement de l’Ukraine ou de sa péninsule du sud, ni de prévenir le début d’une nouvelle guerre, dont les répercussions pourraient être globales. La question qui se pose alors est la suivante : est-ce que la Syrie, déjà ravagée par des années de guerre, devra payer le prix de l’affaire ukrainienne en subissant à son tour les contrecoups de cette crise ?
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