Donald. L’homme au brushing irréprochable, à la rhétorique aussi subtile qu’un marteau-piqueur, et aux déclarations… savoureuses.
Oui, savoureuses, c’est le terme.
Après tout, il semble avoir ajouté une nouvelle recette à son menu de la peur : les migrants en Ohio mangeraient des chats et des chiens. Allons, qui aurait pu prévoir que l’on en arriverait là, à transformer des débats présidentiels en une émission de Top Chef pour animaux domestiques ?
Quand la réalité dépasse la fiction… et la décence
Le mardi 10 septembre, alors que l’Amérique se préparait à un débat télévisé, Donald Trump, tout en retenue (comme toujours), nous gratifie de cette déclaration. Il affirme, la voix grave et le visage marqué par l’indignation, que des migrants en Ohio se livreraient à un festin macabre de chats et de chiens. Oui, vous avez bien entendu. Si vous pensiez que la politique américaine ne pouvait pas descendre plus bas, c’est qu’elle a trouvé une pelle et a décidé de creuser encore.
“À Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants, NDLR), ils mangent des chats”, annonce-t-il fièrement, tel un explorateur découvrant une nouvelle civilisation. Et voilà que les frontières de l’indécence s’élargissent encore. On n’est plus dans le discours politique, on est dans la Twilight Zone, où la réalité et la folie ne font plus qu’un.
Le racisme, ce vieux compagnon de route
Bien sûr, cette affirmation n’est pas une simple bourde. Non, ce serait trop simple. Derrière cette accusation, se cache un cocktail classique de xénophobie et de désinformation, dont Trump et ses acolytes ont fait leur spécialité. Après tout, pourquoi se contenter de débattre de politique migratoire quand on peut brandir la menace imaginaire d’un apocalyptique barbecue à base de chats ?
L’accusation est clairement raciste, visant cette fois-ci les migrants haïtiens. Parce que, bien sûr, quand ce ne sont pas les Mexicains qui nous “volent” nos emplois, ce sont les Haïtiens qui mangent nos animaux de compagnie. Et là, on touche à l’âme américaine, mes amis. Parce qu’il est hors de question de toucher à Fluffy, le chat du voisin. Tout le monde sait que Fluffy est sacré.
Mais revenons à nos canards (ou plutôt à ceux que les migrants, selon Trump, auraient dégustés). Les autorités locales se sont empressées de démentir cette rumeur, rappelant qu’il n’y avait aucune preuve de chats ou de chiens sacrifiés sur l’autel de la faim migrante. Mais dans l’univers parallèle qu’est celui de la droite trumpiste, les faits n’ont jamais vraiment pesé bien lourd. Après tout, pourquoi laisser la vérité gâcher une bonne histoire ?
Un milliardaire, des migrants, et une intelligence artificielle…
Et si vous pensiez que la situation ne pouvait pas devenir plus absurde, entre en scène Elon Musk, milliardaire et star des réseaux sociaux. Oui, l’homme derrière SpaceX, Tesla, et la glorification des memes a décidé d’ajouter son grain de sel. Avec son armée de fans et son influence, il a contribué à propager cette rumeur, avec l’élégance d’un feu de forêt en Californie. Car après tout, rien de tel qu’une fausse nouvelle pour enflammer les débats sur Twitter, pardon, X.
Mais attendez, ce n’est pas tout. Parce que nous vivons à l’ère de l’intelligence artificielle, les républicains de la commission judiciaire de la Chambre des représentants ont décidé de publier une image générée par IA. Cette image montre Donald Trump, en véritable héros de film, protégeant un canard et un chaton. La symbolique est lourde, mes amis. Très lourde. L’image est digne d’une couverture de roman pour jeunes adultes, mais nous sommes ici dans le sérieux de la politique américaine, ou du moins ce qu’il en reste.
Comment en est-on arrivé là ?
Il est fascinant de voir à quel point les débats politiques aux États-Unis ont muté. On est passé du débat d’idées à un concours de fausses nouvelles et de provocations. L’idée que des migrants seraient une menace pour les chats et chiens du Midwest est bien plus qu’une simple distraction. Elle est le reflet d’une campagne électorale où l’on brandit des épouvantails pour faire peur, pour détourner l’attention des vrais enjeux. Et pourquoi ? Parce qu’en faisant des migrants des mangeurs de chats, on déshumanise, on diabolise, et on crée une peur irrationnelle qui pousse à voter avec ses tripes, pas avec sa tête.
Mais au fond, qu’est-ce que cela révèle de la démocratie américaine ? Que la bataille pour la vérité a été perdue quelque part en route. Que la politique s’est transformée en une sorte de grande foire aux monstres où l’on sort les pires clichés pour mobiliser les foules. Et dans ce grand cirque, les vrais enjeux – l’économie, la justice sociale, l’environnement – disparaissent sous le poids des absurdités les plus grotesques.
L’ironie, dernière arme de la raison
Alors, que devons-nous en tirer ? Eh bien, peut-être que la meilleure arme contre ces délires est l’ironie, cette capacité à rire de ce qui semble désespérant.
Rire pour ne pas pleurer face à un système où des déclarations aussi ridicules peuvent encore trouver écho.
Rire parce que, dans un monde où la désinformation règne, l’humour est peut-être la dernière défense contre l’absurde.
Peut-être qu’un jour, nous regarderons en arrière et nous nous dirons que cette époque était une mauvaise blague, un épisode de téléréalité particulièrement déplorable. En attendant, gardons nos chats et nos chiens bien à l’abri. Pas parce qu’ils risquent d’être mangés par des migrants, mais parce qu’ils pourraient bien finir dans le prochain discours de campagne.
En savoir plus sur Le blog de Thélyson Orélien
Subscribe to get the latest posts sent to your email.