Le 21 septembre, l’honorable Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, a annoncé l’imposition de sanctions supplémentaires en vertu du Règlement sur les mesures économiques spéciales visant Haïti, accentuant ainsi la pression sur des figures influentes haïtiennes, telles que Carl Braun – considéré comme l’homme le plus puissant du système financier haïtien, dirigeant et fondateur de la plus grande banque du pays, la Unibank –, Jean-Marie Vorbe de la Société Générale d’Énergie, et Marc Antoine Acra des Industries Acra. Ces individus sont incriminés pour avoir exacerbé la crise humanitaire, sécuritaire et politique dans le pays.
Ceux qui sont familiers avec Haïti ne trouvent pas ces accusations surprenantes, ces oligarques, qui sont des représentants de la bourgeoisie et des communautés “mulâtre” et libano-syrienne en Haïti, sont souvent pointés du doigt par la clameur publique (sans enquête approfondie jusqu’à présent) d’être les responsables des problèmes politiques et économiques du pays.
Cependant, cette mesure souleva des questions sur les réels objectifs du Canada et sur la négligence apparente de la justice haïtienne concernant ces vagues de sanctions. Les citoyens haïtiens, déjà déçus et méfiants, voient ces sanctions comme des actions symboliques sans impacts concrets, soulignant l’inefficacité des actions canadiennes. La frustration augmente en raison du manque d’actions concrètes, telles que des poursuites judiciaires, contre ces personnalités haïtiennes controversées.
Depuis novembre 2022, le Canada a sanctionné 28 citoyens haïtiens selon la Loi sur les mesures économiques spéciales, comprenant des ex-présidents tels que Joseph Michel Martelly et Jocelerme Privert, d’anciens Premiers ministres comme Jean Henry Céant et Laurent Lamothe, des ex-ministres du gouvernement actuel tels que Berto Dorcé et Liszt Quitel, d’anciens parlementaires comme Joseph Lambert, Youri Latortue, Rony Célestin, Hervé Fourcand et Gary Bodeau, ainsi que des hommes d’affaires tels que Gilbert Bigio, Reynol Deeb et Sherif Abdallah. Certains soupçonnés de corruption, d’autres de crimes et de délits sérieux (trafic de drogues, possession d’armes illégales, leadership de gangs, corruptions, et kidnappings).
L’analyse ne doit pas s’arrêter là. De nombreux observateurs considèrent également que le gouvernement actuel du Premier ministre Ariel Henry, qui manque sérieusement de légitimité, est également coupable d’utiliser les gangs à ses propres fins. Jusqu’à maintenant, aucun signe ne montre que le soutien d’Ottawa et de Washington à Ariel Henry faiblit.
Ce climat d’incertitude pose la question cruciale de l’efficacité et de la sincérité de l’action canadienne en Haïti. Est-ce une intervention bienveillante pour soutenir une Haïti libre, ou plutôt une manœuvre pour satisfaire des desseins cachés, ou peut-être pour détourner le regard des réels enjeux? Distinguer ces deux motivations est crucial, et requiert une étude approfondie des démarches effectuées pour révéler les intentions et motivations réelles du Canada.
L’histoire récente de la politique haïtienne, marquée par des interventions étrangères aux conséquences diverses, elle met en lumière une nécessité de vigilance accrue de la part du peuple haïtien. L’attention critique doit être portée sur chaque mouvement et chaque décision, non seulement de figures comme Trudeau et Joly, mais aussi des acteurs nationaux et internationaux intervenant en Haïti, pour s’assurer que leurs actions sont véritablement alignées sur les aspirations d’une Haïti libre et prospère.
La complexité de la situation en Haïti et les ramifications de l’inaction antérieure d’Ottawa rendent l’analyse encore plus nécessaire. Les interventions étrangères, surtout du Canada et des États-Unis, dont les politiques étrangères ont été souvent critiquées pour leur tendance à privilégier leurs intérêts propres, doivent être scrutées attentivement. Le peuple haïtien, au milieu de ce tourbillon d’interventions et de motivations floues, mérite une clarté sur les véritables intentions des acteurs étrangers dans leur pays.
Les sanctions canadiennes, symboliques ou sincères, doivent être placées sous le microscope de l’opinion publique, remettant en question leur impact et leur efficacité réelle. La population haïtienne en souffrance, plongée dans un chaos politique et social, a besoin d’actions concrètes et sincères, pas seulement des manœuvres diplomatiques sans résultat immédiat et tangible.
Il est essentiel de se questionner si le Canada agit par bienveillance envers Haïti, ou si ce n’est qu’une manœuvre dans l’échiquier de la politique internationale, où Haïti n’est qu’un pion dans un jeu beaucoup plus vaste. Seul le temps et une vigilance accrue révéleront si nous sommes témoins d’une véritable quête de justice et de bien-être pour Haïti, ou si nous assistons simplement à une autre manoeuvre dans l’arène de la diplomatie mondiale.
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