Les Jeux Olympiques, ces instants éphémères où le monde semble s’arrêter, où les nations se rejoignent dans un ballet de compétences et de passions, ont toujours éveillé en Haïti une flamme particulière. Chaque édition est une occasion pour nous, Haïtiens, de transcender les défis quotidiens, d’oublier pour un moment les épreuves économiques, l’insécurité, et les caprices de notre réseau électrique souvent défaillant.
Depuis les Jeux d’été en 1900, Haïti a participé avec détermination, gravant des moments de gloire dans notre mémoire collective, comme la médaille de bronze en Tir par équipe en 1924 et la médaille d’argent de Silvio Cator au saut en longueur en 1928. À chaque rendez-vous olympique, un souffle nouveau parcourt les rues d’Haïti, insufflant une énergie palpable même dans les quartiers les plus reculés. En ce mois de juillet 2024, Paris, ville lumière, accueille ces Jeux tant attendus, marquant la 18e participation d’Haïti aux Jeux d’été, et une fois de plus, Haïti se prépare à vibrer.
Lynnzee Brown, gymnaste de talent formée à l’Université de Denver, porte nos espoirs cette année. Invitée par la Commission tripartite, elle devient la première représentante haïtienne en gymnastique artistique, marquant une étape historique.
Aux côtés de Brown, une délégation haïtienne composée de sept sportifs s’apprête à relever le défi olympique. Le judoka Philippe-Abel Metellus, nommé porte-drapeau, mène cette équipe hétéroclite avec une détermination farouche.
En athlétisme, Christophe Borzor s’élancera dans l’épreuve du 100 mètres, tandis qu’Emelia Chartfield affrontera les haies du 100 mètres féminin. Cedrick Belony, boxeur de la catégorie poids mi-lourds (-80 kg), se prépare à livrer des combats acharnés.
En natation, Alexandre Grand’Pierre disputera le 100 mètres brasse, et Mayah Chouloute s’élancera dans le 50 mètres nage libre. Enfin, Philippe-Abel Metellus défendra les couleurs haïtiennes dans la compétition de judo des moins de 73 kg.
Les jeux au cœur des foyers haïtiens
En Haïti, l’anticipation est électrique, même si cette électricité se fait parfois rare. Dans les foyers, les cafés, les barber shops et sur les places publiques, chacun se prépare à suivre les exploits de leurs athlètes, souvent grâce à des générateurs ou des systèmes ingénieux pour capter les retransmissions.
Je me souviens d’un après-midi étouffant, où, sans électricité, mon oncle, grand amateur de sports, plus précisément de football, s’était juré de ne pas manquer les Jeux. Après avoir parcouru le quartier en quête d’un générateur, il revint victorieux, et bientôt, notre maison devint le centre névralgique du quartier. Les voisins affluèrent, apportant chaises et tabourets, et dans un concert de rires et d’exclamations, nous assistâmes ensemble aux exploits de nos héros.
En Haïti, le sport fédère. Le football, en particulier, est une passion dévorante. Notre amour pour l’équipe du Brésil et d’Argentine transcende les frontières, et même si les Jeux Olympiques ne sont pas la Coupe du Monde, l’excitation reste intense. Les matchs du tournoi olympique sont l’occasion de discussions enflammées et de moments de pur bonheur, partagés entre amis et voisins.
Toutefois, cette année, une déception amère teinte notre enthousiasme : le Brésil, double tenant du titre, ne défendra pas ses chances après sa défaite contre l’Argentine (0-1). Cette élimination a été un choc immense pour les nombreux supporters haïtiens, pour qui le Brésil est une source constante d’inspiration et de joie. Heureusement, il reste l’Argentine.
Alors que Paris se prépare à accueillir le monde, Haïti se prépare à célébrer ses champions, à écrire de nouvelles pages de son histoire sportive. Que les générateurs ronronnent et que les écrans s’illuminent, car, une fois de plus, Haïti vibrera au rythme des Jeux Olympiques.
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