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Accueil Littérature

La Carte et le Territoire : quand la représentation devient une vie

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
22 août 2025
dans Littérature
Temps de lecture: 7 minutes
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Commencer Houellebecq, on le sait, c’est souvent entrer en turbulence. Or, surprise : La Carte et le Territoire, paru le 3 septembre 2010 chez Flammarion et couronné du Goncourt la même année, est un roman d’atterrissage doux, presque feutré — sans perdre sa lucidité. On y rit, on y pense, on y respire. Et on suit un artiste, Jed Martin, qui se construit une existence à force de représenter le monde sans jamais, ou presque, le peupler de gens. Un comble, et un programme.

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La trajectoire de Jed, née fictivement en 1975, a quelque chose d’un CV écrit par un esprit cartésien : un père architecte, un grand-père photographe, une mère morte trop tôt, une enfance au Raincy ; puis les Beaux-Arts de Paris grâce à une série de Trois cents photos de quincaillerie, une galerie (la Galerie Franz Teller, 13ᵉ arrondissement), une expo collective chez Ricard (Restons courtois), et surtout l’exposition qui le propulse : « La carte est plus intéressante que le territoire » à la fondation Michelin.

Les critiques s’embrasent — Patrick Kéchichian voit dans son travail « le point de vue d’un Dieu coparticipant, aux côtés de l’homme, à la (re)construction du monde ». La formule est belle, mais surtout juste : Jed cadre ce que nous utilisons pour nous orienter — les cartes Michelin, Régions et Départements, plus de huit cents clichés — et nous force à regarder la médiation elle-même. Pas la route : la représentation de la route.

Puis, coup de barre. Jed range l’appareil et se met à peindre. Il passe sept ans sur une « série des métiers simples » (quarante-deux portraits de professions-type), puis dix-huit mois sur la « série des compositions d’entreprise » (vingt-deux tableaux sur le fonctionnement relationnel de l’économie). Le geste est à la fois sociologique et poétique : l’art comme radiographie du travail et, derrière lui, de ce qui fait tenir une société.

« Je suis content que tu sois autonome », répondit son père. « J’ai connu plusieurs types, dans ma vie, qui voulaient devenir artistes, et qui étaient soutenus par leurs parents ; aucun n’a réussi à percer… Ce qui marche le mieux, ce qui pousse avec la plus grande violence les gens à se dépasser, c’est encore le pur et simple besoin d’argent. »

Si vous cherchez la phrase-couteau du roman, la voilà. L’argent n’est pas un sujet extérieur à l’art : il en est un moteur ambigu. Chez Houellebecq, on ne s’indigne pas en mode moraliste ; on constate, sec. Jed vend, Jed réussit, et — détail délicieux — Jed s’en fiche. Son galeriste lui annonce des revenus astronomiques ; il hausse les épaules. Le monde de l’art, lui, n’est pas indifférent : Damien Hirst et Jeff Koons y tiennent le marché comme deux planètes dominantes. Jed s’y frotte dans une toile, la 65ᵉ, qui représente leur duopole et que le roman qualifie de ratage. La 66ᵉ, « Michel Houellebecq, écrivain », referme la série, boucle métaleptique où l’auteur devient motif — et bientôt cadavre.

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Art, argent, autonomie : Quand l’auteur devient personnage

Ce trio donne au livre sa respiration. D’abord l’autonomie : Jed n’a pas de posture de rebelle, il ne performe pas l’artiste maudit, il travaille. Il change d’outil quand il sent que le précédent a tout donné. C’est presque un artisan, et c’est très français : l’exigence de bien faire plutôt que l’obsession de paraître.

Ensuite l’argent : il circule, irriguant le système, mais la valeur qu’il étiquette n’épuise ni le sens des œuvres, ni la paix de l’homme. Enfin l’art : un art qui regarde le médium, comme si Jed se demandait sans cesse « qu’est-ce que je fais quand je fais ça ? ». Photographier une carte, c’est faire l’archéologie de nos cartes mentales, et peindre des métiers, c’est peindre les rituels par lesquels nous continuons à être ensemble.

On pourrait croire que ce dispositif conduira à l’abstraction. Le roman, au contraire, est charnel dans sa manière de décrire les rythmes de l’atelier, l’odeur de l’huile, la patience des couches, le silence qui tient lieu d’amitié. Les relations de Jed ? Minces, parfois ratées, souvent retranchées. Une histoire d’amour (fugace), des conversations avec le père (importantes, même quand elles n’adviennent qu’en pensée), et beaucoup de solitude choisie. Chez Houellebecq, la solitude n’est pas seulement un mal : c’est parfois la condition de la justesse.

L’une des trouvailles les plus jouissives du livre tient à l’entrée en scène de… Michel Houellebecq. Jed le retrouve en Irlande pour lui demander un texte de catalogue ; l’auteur accepte, se laisse peindre, se dépeint lui-même au passage : grincheux, un peu sale, drôle, misanthrope — caricature consciente qui marche parce que l’auteur ne cherche pas à se racheter. Puis survient l’événement qui fait basculer le roman vers le polar : Houellebecq est assassiné. Ne cherchons pas ici le détail macabre ; disons simplement que l’enquête — menée par un policier d’une humanité sèche et persévérante — déplie une autre France, celle des procédures et du réel rugueux.

Beaucoup ont souligné l’étrangeté stylistique du livre : cette capacité à passer du coq à l’âne sans perdre le fil, à glisser un paragraphe presque technique (une notice d’appareil photo, une description précise de voiture, de matériaux) au cœur d’une méditation sur le sens d’une vie.

Ce choix ne relève pas du tic : il mime nos existences connectées, où un tutoriel YouTube s’intercale entre deux grandes questions. On peut trouver cela apathique ; on peut aussi y voir une manière de faire respirer la pensée, comme s’il fallait accepter la prose du monde pour mériter ses poèmes.

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Cartographier une France très proche

Le livre est souvent décrit comme un mélange d’enquête et d’anticipation. Anticipation, oui, mais à bas bruit. Pas de gadgets ni d’apocalypse : une France qui vieillit, se tertiarise, muséifie certains territoires, laisse l’herbe gagner sur des routes secondaires.

Les entreprises deviennent des agencements plus que des lieux ; l’économie, une chorégraphie de fonctions. Houellebecq n’énonce pas un programme ; il regarde. Et son regard est d’autant plus fort qu’il se contente d’être exact.

C’est là que le titre prend toute sa force. Entre carte et territoire, le roman choisit… les deux. Il nous rappelle que nous ne vivons jamais le monde directement : nous en vivons des médiations (images, modèles, prix, contrats, interfaces).

Jed « consacra sa vie à la reproduction de représentations du monde, dans lesquelles cependant les gens ne devaient nullement vivre » : c’est la plus belle définition de cette ère où l’on parcourt la planète en Street View avant de poser un pied sur le trottoir. Le livre ne condamne pas la carte ; il nous invite à comprendre ce qu’elle nous fait — et ce que nous lui faisons.

Au cœur de cette réflexion, la série des métiers est un geste de gratitude voilé : montrer la dignité des tâches (souvent invisibles) qui composent notre quotidien, et dont la valeur n’a rien à voir avec la cotation des œuvres. Que la toile sur Hirst et Koons soit un échec n’est pas une pique gratuite : c’est presque une fable.

Dès qu’il peint l’artiste-vedette, Jed perd ce qui faisait sa force — la patience humble devant l’objet, la fonction, le procédé. Comme si l’art redevenait bruit dès qu’il se prend pour son propre sujet.

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Les petites polémiques, puis on passe

Houellebecq sans controverse, ce serait comme un trajet sans bouchon sur le périphérique : possible, mais peu crédible. À la sortie du livre, on a discuté de sa manière d’insérer des passages documentaires (oui, certains voyaient la patte Wikipédia), de la présence de personnalités réelles dans la fiction (Jean-Pierre Pernaut, Bill Gates, Frédéric Beigbeder), de la mise en scène de marques et d’institutions (dont Michelin). On a polémiqué, puis on a lu — et c’est la lecture qui a gagné : Télérama a rangé le roman parmi les « 25 chefs-d’œuvre de la littérature mondiale qui vont marquer le XXIᵉ siècle ». Ce genre de liste n’est pas un jugement dernier, mais il dit quelque chose de la tenue du livre.

Ce qui demeure, au-delà des conversations de sortie de librairie, c’est la justesse humaine du roman. On a l’habitude d’un Houellebecq polémiste ; on redécouvre ici un Houellebecq attentif : aux vieux pères qui tentent d’aimer correctement, aux élans professionnels qui remplacent parfois les élans amoureux, aux théories économiques qui finissent par ressembler à des paysages. Et puis il y a l’humour, discret, pince-sans-rire : cette manière d’appuyer la réalité jusqu’à ce qu’elle bascule dans le comique — un comique triste, où tout le monde a un peu raison et un peu tort.

Pourquoi lire ou relire La Carte et le Territoire aujourd’hui ? Parce que ce roman nous apprend une chose simple et rare : l’attention est un acte. On peut choisir de regarder les cartes — nos plans, nos applis, nos grilles de lecture — comme des pièges ; on peut aussi, avec Jed, les prendre comme des objets dignes, à force de les regarder juste. On peut accepter que l’argent existe sans en faire la mesure de tout, et comprendre qu’un homme reste libre précisément quand il n’attend rien de ce que le monde appelle réussite. On peut découvrir que la solitude n’est pas le contraire de l’amour, mais parfois la condition de la bienveillance.

Et puis, il y a ce plaisir, enfantin et profond, de voir la fiction déborder sur la réalité : un écrivain se fait personnage, un artiste peint l’écrivain, les tableaux échouent ou réussissent, les routes redeviennent des fils sur du papier glacé, et la France ressemble à ce qu’elle est : un territoire de métiers, de rites, de platitudes sublimes. Au fond, le roman nous prend par la main pour nous dire : regarde mieux. Regarde les cartes, regarde le territoire, et surtout regarde ce qui se passe entre les deux — là où nos vies se fabriquent, à la bonne échelle.

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Thélyson Orélien

Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

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