• Je fais un don
  • LumiTex
samedi, 12 juillet, 2025
  • Connexion
  • S'inscrire
Le Blog de Thélyson Orélien
Advertisement
Publicité
  • Accueil
  • À propos
  • Chroniques
    • Économie
    • Politique
    • Écologie
    • Reportage
  • Culture
    • Notes de lecture (NDL)
    • Fiction
    • Poésie
  • Mode de vie
    • Mode de vie
    • Migration
    • Voyage
  • TempsLibre
    • Cinéma
    • Musique
    • Sport
  • Chroniqueur Invité
  • LumiTex
  • Contact
No Result
Voir tous les résultats
  • Accueil
  • À propos
  • Chroniques
    • Économie
    • Politique
    • Écologie
    • Reportage
  • Culture
    • Notes de lecture (NDL)
    • Fiction
    • Poésie
  • Mode de vie
    • Mode de vie
    • Migration
    • Voyage
  • TempsLibre
    • Cinéma
    • Musique
    • Sport
  • Chroniqueur Invité
  • LumiTex
  • Contact
No Result
Voir tous les résultats
Le Blog de Thélyson Orélien
No Result
Voir tous les résultats
Accueil Culture

Borges, le rêveur d’éternités

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
27 avril 2025
dans Culture
Temps de lecture: 7 minutes
285
A A
Borges, le rêveur d’éternités

L'écrivain Jorge Luis Borges

275
PARTAGES
1.5k
VUES
Share on FacebookShare on TwitterWhatsAppE-mail

Il est des rencontres silencieuses qui changent à jamais le cours d’une vie intérieure. Ma découverte de Borges n’eut rien d’un événement tonitruant : ce fut une confidence chuchotée dans un roman de Dany Laferrière, un nom semé comme un charme discret. Depuis ce jour, lire Borges, c’est pour moi entrer dans l’éternité à travers la plus fine des passerelles : celle des mots. Voici l’histoire de cette rencontre, et de cet homme qui rêva la littérature comme d’autres rêvent l’univers.

Articlesconnexes

Couverture de la version rajeunie de l'Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, et l'écrivain, poète et acteur haïtien James Noël.

James Noël, passeur de lumière dans un pays de poètes

Willems Édouard, l’écho des plaies qui refusent de cicatriser

L'écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu

La mort modeste de l’écrivain

Edgar Morin : la jeunesse éternelle d’un penseur centenaire

Edgar Morin : la jeunesse éternelle d’un penseur centenaire

Il y a des écrivains que l’on découvre par hasard, d’autres par amour, et quelques rares élus que l’on rencontre comme on rencontrerait un dieu voilé derrière les pages. C’est ainsi que j’ai croisé Jorge Luis Borges, guidé par l’admiration tendre et rêveuse de Dany Laferrière, ce semeur d’éblouissements qui parsème ses romans de références littéraires comme on jette des poignées d’étoiles dans l’obscurité.

Je n’avais que peu d’années de lecture véritable derrière moi lorsque, au détour d’une page de L’énigme du retour, Dany Laferrière évoqua Borges. Ce n’était pas un hommage lourd, pompeux, mais une allusion légère, presque chuchotée, comme si l’on parlait d’une évidence. Borges : ce nom sonnait comme une clef cachée. J’ai su alors, sans explication rationnelle, qu’il me fallait ouvrir cette porte.

Et quelle porte. Quelle vertigineuse traversée.

Borges, cet écrivain argentin presque aveugle, a réussi l’impensable : il a prouvé que la réalité ne réside pas dans la matière, mais dans les livres. Que le monde, loin d’être limité à nos cinq sens, respire, palpite, s’échappe dans les bibliothèques, dans les labyrinthes de mots, dans les songes qui se ramifient comme des arbres sans fin.

Publicité

Borges n’a pas raconté le monde : il l’a recréé, recomposé, rechanté. Il fut un Aleph vivant, un concentré d’éternité en chair et en os, une bibliothèque ambulante dont chaque mot résonne encore dans les couloirs de notre pensée. Il est l’auteur qui, à lui seul, a su tisser des labyrinthes où le lecteur, loin de se perdre, se trouve. Où la réalité et la fiction s’étreignent jusqu’à devenir indiscernables.

Un prophète d’Amérique

Si l’on juge les peuples à leurs prophètes, l’Amérique latine peut, par Borges, se tenir droite et fière devant le tribunal de l’Histoire. Depuis son bureau modeste de Buenos Aires, cet homme qui n’avait plus besoin d’yeux pour voir a effleuré de sa plume la texture même de l’éternité.

Il y a dans son écriture une alliance rare entre la rigueur de l’intelligence et la délicatesse du symbole. Chez lui, le temps n’est pas une route linéaire, mais un dédale où chaque mot, chaque phrase est un fil d’Ariane. Lire Borges, c’est errer avec ferveur dans un labyrinthe dont la sortie n’est pas l’objectif : c’est l’égarement lui-même qui devient quête.

Comparé aux géants de la littérature latino-américaine — García Márquez, Carpentier, Vargas Llosa, Asturias —, Borges évolue sur un autre plan. Les autres écrivent avec le sang, la terre, la faim, l’amour ou le pouvoir ; Borges, lui, écrit avec le temps, la mort, l’infini. Tandis que les autres racontent le monde, lui le rêve. Tandis que les autres disent la réalité, lui la questionne, la retourne, la dissout et la recompose.

On lui reprocha parfois — sottement — de ne pas prendre part aux grands drames sociaux de son temps. On lui fit grief de son détachement, de son absence de militantisme. Mais Borges avait compris ce que tant d’autres ignorent : il existe des tragédies plus profondes que la misère matérielle. Il savait que la plus terrible des pauvretés est celle de l’âme face au vide.

Dans Le Sud, l’un de ses contes les plus poignants, il raconte l’histoire d’un homme qui accepte la mort avec une sorte de dignité ancestrale, comprenant que toute vie n’est qu’une lente préparation à cet instant ultime. Y a-t-il drame plus pur, plus universel que celui-ci ?

Publicité

Borges n’a pas écrit pour flatter les modes, ni pour répondre aux attentes des époques : il a écrit pour l’éternité. Et l’éternité, comme chacun sait, ne s’encombre pas de mots d’ordre politiques.

Un Nobel qui n’aurait rien ajouté

Certains pleurent encore l’injustice : comment Borges, ce titan, n’a-t-il pas reçu le prix Nobel ? Mais ce serait mal comprendre ce qu’il fut. Son œuvre ne pouvait être couronnée par des lauriers humains : elle est de celles que seul le temps, cet autre nom de l’infini, peut consacrer. Peut-être que Borges n’a pas eu le Nobel tout simplement parce qu’il l’avait déjà transcendé.

Il est juste — et nécessaire — de dire que Borges est le deuxième plus grand écrivain de langue espagnole après Cervantès. Mais même cela semble pauvre face à son véritable exploit : avoir insufflé à notre langue des dimensions nouvelles, avoir montré que les mots, s’ils sont choisis avec assez d’amour et d’intelligence, peuvent plier le réel comme on plie un drap.

Lire Borges, c’est approcher un oracle. Sa prose ne supporte ni la précipitation ni la lecture distraite. Elle exige du lecteur un acte de foi, une ferveur. Chaque mot semble avoir été déposé avec la minutie d’un horloger fou. La Demeure d’Astérion, Funes ou la mémoire, Tlön, Uqbar, Orbis Tertius : chacun de ses textes est une clef ouvrant une multitude de portes, toutes donnant sur des mondes aussi déroutants que familiers.

Quand j’ai lu Borges pour la première fois, ce fut moins un choc qu’une reconnaissance : je n’y ai pas trouvé un maître inaccessible, mais un homme ayant renoncé aux miroirs pour ne pas se perdre dans ses propres abîmes. Derrière son ironie feutrée, son scepticisme élégant, j’ai deviné un écrivain hanté par le mystère, un homme profondément bouleversé par ce qu’il ne pouvait comprendre — et qui, pour cette raison même, écrivait.

Non pour expliquer le monde, mais pour mieux accepter son insondable étrangeté.

Publicité

L’Amérique latine a engendré de brillants poètes de feu, de puissants romanciers de terre, de féroces chroniqueurs de poudre. Mais elle n’a produit qu’un seul théologien de l’infini : Borges.

Lire Borges, ce n’est pas simplement lire un homme. C’est être lu par une conscience qui nous dépasse. C’est entrer dans un dialogue silencieux avec l’invisible. C’est comprendre, au détour d’une phrase, que nous sommes faits de la même matière que les songes.

À l’heure où tant d’écrivains ploient sous le poids de l’actualité, Borges a fait le choix sublime d’être un artisan d’éternités. Il n’a pas écrit pour son époque ; il a écrit pour toutes les époques.

Un instrument céleste

Borges est, pour nous, ce que Homère fut pour les Grecs, Dante pour les Italiens, Blake pour les Anglais. S’il est vrai que la langue espagnole fut un jour une musique céleste, elle trouva en Borges son instrument le plus juste, le plus pur.

Cervantès inventa la langue espagnole telle que nous la connaissons ; Borges, lui, l’a rêvée.

Et dans ce rêve, nous avons trouvé non seulement un monde, mais une infinité de mondes.

Car Borges n’écrit pas pour être lu avec les yeux, mais avec l’âme entrouverte, avec cette secrète lucidité qui sait que toute réalité n’est qu’une métaphore patiemment ourdie. Lire Borges, c’est marcher à tâtons dans des corridors de poussière et de lumière, où le temps se replie sur lui-même comme une étoffe ancienne, où l’infini respire dans les replis minuscules d’une phrase.

Il est ce veilleur immobile qui, sans jamais s’éloigner de son modeste bureau, a exploré plus de territoires que tous les conquistadors du monde. Son arme n’était ni l’épée ni le sceptre, mais le mot : ce mot fragile et pourtant plus durable que toutes les pierres. À travers lui, la littérature est devenue non pas un simple écho du réel, mais sa transfiguration.

Dans l’univers de Borges, il n’y a pas de vérités définitives, seulement des reflets, des éclats d’éternité entre les mailles du doute. L’homme y est moins un héros qu’un rêveur égaré, moins un bâtisseur qu’un promeneur d’ombres, avançant à tâtons dans l’immense labyrinthe de l’être.

Et peut-être est-ce cela, en fin de compte, la plus grande leçon que nous lègue Jorge Luis Borges : apprendre à aimer le mystère plus que la certitude, préférer l’énigme au dogme, comprendre que les bibliothèques sont des cathédrales sans dieux, mais pleines de promesses.

Il est des écrivains qui marquent leur temps ; Borges a marqué l’éternité. Et quand le dernier livre sera refermé, quand les dernières bibliothèques se seront tues sous la poussière du monde, une voix persistera — ténue, vibrante, inépuisable — pour nous murmurer encore que le vrai Paradis ne fut jamais un lieu, mais un regard, une soif, une page tournée dans la nuit.

À jamais, Borges.

Soutenez l'auteur

En contribuant aux frais du site et à son indépendance, vous permettez à l’auteur de continuer à écrire librement, sans compromis ni censure… parce que même les mots ont besoin d’un toit ! Merci pour votre soutien — vous êtes formidables (et un peu les mécènes modernes de sa plume).

Faire un don
Étiquettes: BorgesDany LaferrièreJorge Luis Borges
Partager110Tweet69SendSend
Publicité
Article précédent

Francisco, l’immigrant devenu pontife du monde

Article suivant

Le dernier battement avant l’urne

Thélyson Orélien

Thélyson Orélien

Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

Articles connexes

Couverture de la version rajeunie de l'Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, et l'écrivain, poète et acteur haïtien James Noël.

James Noël, passeur de lumière dans un pays de poètes

Willems Édouard, l’écho des plaies qui refusent de cicatriser

L'écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu

La mort modeste de l’écrivain

Edgar Morin : la jeunesse éternelle d’un penseur centenaire

Edgar Morin : la jeunesse éternelle d’un penseur centenaire

Victor-Lévy Beaulieu, ou l’insolence d’un pays qui s’écrit

Victor-Lévy Beaulieu, ou l’insolence d’un pays qui s’écrit

Mario Vargas Llosa : l’écrivain, la langue et le poing

Mario Vargas Llosa : l’écrivain, la langue et le poing

Article suivant
Le dernier battement avant l'urne

Le dernier battement avant l'urne


Publicité

Tendances quotidiennes

  • Hotel Oloffson, Port-au-Prince / Photo: Jean Oscar Augustin En lisant la chronique de Lyonel Trouillot intitulée « L’incendie de l’Oloffson : lorsque l’on tue les morts… » dans AyiboPost, on est d’abord saisi par la maîtrise stylistique du texte. Mais on en ressort avec une gêne persistante, presque douloureuse. Car derrière les effets de plume, l’auteur propose une lecture intellectuellement séduisante, mais moralement bancale, d’un drame pourtant lourd de sens.

    Lyonel Trouillot, le pyromane des émotions tristes

    280 Partages
    Partager 112 Tweet 70
  • Ce que les lieux brûlés révèlent des lieux empêchés : compassion, deuil ou simple défaite élégiaque ?

    273 Partages
    Partager 109 Tweet 68
  • Willems Édouard, l’écho des plaies qui refusent de cicatriser

    273 Partages
    Partager 109 Tweet 68
  • James Noël, passeur de lumière dans un pays de poètes

    290 Partages
    Partager 116 Tweet 73
  • Haïti n’a pas trahi l’Histoire : c’est l’Histoire qui l’a trahie

    305 Partages
    Partager 122 Tweet 76
Publicité
  • Tendance(s)
  • Commentaires
  • Plus récent
« 4 Kampé » : l’histoire cachée derrière le tube planétaire de Joé Dwèt Filé

« 4 Kampé » : l’histoire cachée derrière le tube planétaire de Joé Dwèt Filé

Haïti n’a pas trahi l’Histoire : c’est l’Histoire qui l’a trahie, Luiz Inácio Lula da Silva

Haïti n’a pas trahi l’Histoire : c’est l’Histoire qui l’a trahie

Couverture de la version rajeunie de l'Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, et l'écrivain, poète et acteur haïtien James Noël.

James Noël, passeur de lumière dans un pays de poètes

L'écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu

La mort modeste de l’écrivain

Gazzman Couleur et Dener Ceide signent le texte le plus puissant de la musique haïtienne

Gazzman et Dener Ceide signent l’un des textes les plus puissants de la musique haïtienne

Haïti n’a pas trahi l’Histoire : c’est l’Histoire qui l’a trahie, Luiz Inácio Lula da Silva

Haïti n’a pas trahi l’Histoire : c’est l’Histoire qui l’a trahie

Intention poétique et écriture : Le pari réussi dans « Kokorat »

Intention poétique et écriture : le pari réussi dans « Kokorat »

Lyonel Trouillot et l’Haïti désenchanté de « Kannjawou »

Québec

Le feu de la Saint-Jean ou la tendresse des braises québécoises

Victor-Lévy Beaulieu, ou l’insolence d’un pays qui s’écrit

Victor-Lévy Beaulieu, ou l’insolence d’un pays qui s’écrit

Il arrive que certains lieux, en tombant, dévoilent ce que nous refusions de voir debout. La disparition de l’Hôtel Oloffson n’est pas qu’un fait divers architectural ou un simple incendie de plus dans un pays qui chancelle. C’est un symptôme. Le symptôme d’une époque où la mémoire s’efface plus vite que les braises ne refroidissent, où brûler devient une forme d’expression plus éloquente que construire. Ce n’est pas seulement une maison qui s’effondre : c’est une archive vivante, un théâtre du réel, un espace où s’écrivait à bas bruit l’histoire d’un pays complexe, qui se consume sans que l’on sache encore si c’est par indifférence, vengeance ou abandon.

Ce que les lieux brûlés révèlent des lieux empêchés : compassion, deuil ou simple défaite élégiaque ?

Hotel Oloffson, Port-au-Prince / Photo: Jean Oscar Augustin En lisant la chronique de Lyonel Trouillot intitulée « L’incendie de l’Oloffson : lorsque l’on tue les morts… » dans AyiboPost, on est d’abord saisi par la maîtrise stylistique du texte. Mais on en ressort avec une gêne persistante, presque douloureuse. Car derrière les effets de plume, l’auteur propose une lecture intellectuellement séduisante, mais moralement bancale, d’un drame pourtant lourd de sens.

Lyonel Trouillot, le pyromane des émotions tristes

Couverture de la version rajeunie de l'Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, et l'écrivain, poète et acteur haïtien James Noël.

James Noël, passeur de lumière dans un pays de poètes

L'art de ne rien faire

L’art de ne rien faire : un acte révolutionnaire à l’ère de la productivité toxique

Willems Édouard, l’écho des plaies qui refusent de cicatriser

Publicité
Publicité
  • Politique de confidentialité
  • Termes et Conditions
  • Les commentaires
  • Les Cookies
  • Publicités
  • Nous soutenir
  • LumiTex
  • Contact
contact@thelysonorelien.com

© 2025 : LBTO - Le blog de Thelyson Orelien - Tous droits réservés

Bienvenue de retour !

Se connecter au compte

Mot de passe oublié ? S'inscrire

Créer un nouveau compte !

Remplissez les champs ci-dessous pour vous inscrire

Tous les champs sont obligatoires. Se connecter

Récupérez votre mot de passe.

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.

Se connecter
No Result
Voir tous les résultats
  • Accueil
  • À propos
  • Chroniques
    • Économie
    • Politique
    • Écologie
    • Reportage
  • Culture
    • Notes de lecture (NDL)
    • Fiction
    • Poésie
  • Mode de vie
    • Mode de vie
    • Migration
    • Voyage
  • TempsLibre
    • Cinéma
    • Musique
    • Sport
  • Chroniqueur Invité
  • LumiTex
  • Contact

© 2025 : LBTO - Le blog de Thelyson Orelien - Tous droits réservés

Go to mobile version