Chaque jour, une nouvelle idée jaillit dans mon esprit…
Ainsi commence Paradis sur mesure, une œuvre que j’ai découverte grâce à une amie précieuse, qui ne tarissait pas d’éloges sur les interprétations contemporaines des vieux proverbes. Dès la première phrase, j’ai été happé par l’écriture de Bernard Werber, cet auteur à la fois populaire et quelque peu controversé.
Le recueil de nouvelles rassemble dix-sept récits où l’imagination débordante de Werber s’exprime sous forme de contes, légendes ou fables. Ces histoires, à la fois fantastiques et philosophiques, invitent à frémir, à rêver ou simplement à sourire, et sauraient charmer même le plus utopiste des rêveurs. Imaginez un monde où il est interdit de se souvenir du passé—tel est le cadre de l’une de ces nouvelles.
Werber, avec son style si particulier, n’hésite pas à affirmer des idées qui détonnent avec nos connaissances actuelles. Par exemple, il avance sans aucune gêne que la construction du Grand Collisionneur de Hadrons (LHC) au CERN permettrait d’envoyer des particules à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Une telle assertion contredit les fondements de la théorie de la relativité restreinte, établie par Albert Einstein, et ouvre la voie à une réflexion stimulante sur les limites de la science actuelle.
C’est à la page 47 que j’ai vraiment commencé à comprendre pourquoi mon amie me recommandait ce livre. Cette page, qui contient la nouvelle intitulée « La vérité est dans le doigt », a agi comme une clé pour déchiffrer la langue parfois hermétique de Werber. Pourtant, cette nouvelle est moins un récit qu’un court intermède : il s’agit simplement d’un proverbe chinois, suivi de quatre variantes qui se déclinent à travers l’histoire.
J’ai même pensé que ce proverbe chinois mériterait une discussion approfondie dans la nouvelle section « Lu pour vous » de mon blog, à l’instar de la question épineuse du Bien et du Mal, qui reste insaisissable. Non pas pour lancer un débat polémique, mais pour offrir à mes lecteurs une réflexion plus large.
Intermède : « Lorsque le Sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. » (Proverbe chinois)**
Lorsque le Sage explique que son doigt n’a aucune importance et que seule la lune est digne d’intérêt, l’imbécile se perd dans l’éloquence du Sage. (Variante moderne de ce proverbe.)
Lorsque le Sage insiste pour que l’imbécile fixe cette « maudite lune », l’imbécile, pris de peur, refuse de lever la tête. (Variante très moderne de ce proverbe.)
Lorsque le Sage, à bout de patience, abandonne l’idée de parler de la lune et se résout à évoquer son doigt, l’imbécile se réjouit, trouvant le Sage éminemment compréhensible, capable de traiter même les sujets les plus incongrus, comme les doigts. (Variante encore plus moderne.)
Lorsque le Sage est mort, l’imbécile se demande : « Mais au fait, de quoi voulait bien nous parler le Sage quand il dressait si haut son doigt ? » (Variante définitive.)
À vous maintenant de décrypter les non-dits de ces variantes…
Dans Paradis sur mesure, Werber a pris soin de citer quelques-uns de ses maîtres : Edgar Allan Poe, Jules Verne, Stefan Zweig, H.P. Lovecraft, Dino Buzzati, A.E. Van Vogt, Frederic Brown, Isaac Asimov, Stephen King, et surtout Philip K. Dick, qui semble avoir hanté de nombreuses nuits de l’auteur, avec ses récits finement ciselés.
Je me dois de terminer la lecture de ces 400 pages parues chez Albin Michel, mais d’après ce que j’ai déjà parcouru, sans prétendre jouer au critique, je trouve que Werber parvient à captiver et à émerveiller, même si ses idées peuvent parfois paraître excentriques. Je ne suis pas un critique littéraire, mais un lecteur passionné, et je m’assume pleinement dans ce rôle, sans aucune prétention.
Notes :
Le Grand Collisionneur de Hadrons (LHC) est un gigantesque instrument scientifique situé près de Genève, à la frontière franco-suisse, à environ 100 mètres sous terre. Cet accélérateur de particules permet aux physiciens d’étudier les composants fondamentaux de la matière.
Paradis sur mesure de Bernard Werber, Éditions Albin Michel, 2008.
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