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Accueil Chroniques

Le sans-abri qui cite Molière au coin Mont-Royal

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
7 août 2025
dans Chroniques
Temps de lecture: 4 minutes
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Sans-abri
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Je l’ai rencontré un matin d’août, au coin de Mont-Royal et Saint-Denis. Il avait un vêtement trop grand pour la saison, un sac d’épicerie comme valise, et un air de fatigue dans le regard qui ne s’invente pas. Les passants le contournaient avec cette fausse indifférence qu’on adopte quand la culpabilité commence à coûter trop cher. Il ne tendait pas la main. Il ne demandait rien. Il parlait. À voix haute. Pour lui, peut-être. Pour le trottoir. Pour le pays.

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Et si les biens des bourreaux servaient enfin à panser les plaies du peuple haïtien ?

Et ce qu’il disait, ce n’était pas des blasphèmes ni des élucubrations, mais du théâtre.

“Non, elle est générale, et je hais tous les hommes :
Les uns, parce qu’ils sont méchants, et malfaisants ;
Et les autres, pour être aux méchants, complaisants,
Et n’avoir pas, pour eux, ces haines vigoureuses
Que doit donner le vice aux âmes vertueuses. […]”

(Molière, Le Misanthrope)

Il récitait Molière, avec un accent franc et un timbre éraillé, comme si chaque mot avait traversé mille tempêtes avant de sortir. Je me suis arrêté. Il m’a regardé, et sans attendre que je dise un mot, il a enchaîné :

“Ceux de qui la conduite offre le plus à rire,
Sont toujours sur autrui les premiers à médire.”

(Molière, Le Tartuffe)

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Il n’avait pas besoin de scène. Le trottoir lui suffisait. Son public, c’était les cyclistes pressés, les étudiantes aux écouteurs trop gros, les mères épuisées et les aînés qui traînent les pieds. Il jouait dans le plus vieux théâtre de ce pays : la rue. Et dans sa bouche, le français n’était pas un outil de survie, mais un acte de beauté pure. Une manière de se relever, de se redresser, de résister.

À Montréal, on croise toutes sortes de misères. Des misères qui puent, des misères qui dorment debout, des misères qui chantent faux ou qui crient dans le vide. Mais lui, il récitait du classique. Pas pour impressionner. Pas pour attendrir. Juste pour exister autrement.

Il aurait pu réciter des slogans, hurler des insultes, faire la manche avec violence. Mais non. Il avait choisi Molière. Il avait choisi la langue.

Et cette langue, notre langue, il la maniait comme un fleuret. Avec dignité. Avec panache. Avec cette insolence tranquille qu’on reconnaît chez ceux qui ont tout perdu sauf leur verbe.

Je me suis approché. Il m’a dit :
— T’sais, moi j’ai étudié en lettres. À l’Université. Pis après, ben… la vie. Mais le théâtre, lui, y m’a jamais quitté.

Ça m’a frappé comme un vent d’automne dans la face : au cœur du chaos, il y avait encore du théâtre. Et ce théâtre, ce n’était pas un luxe. C’était une affirmation. Un acte politique. Un hommage à une culture qui refuse de mourir, même couchée sur le trottoir.

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Dans ce pays vaste où le français est encerclé, minorisé, parfois folklorisé, ce sans-abri m’a rappelé que le Québec est bien plus qu’une province dans le milieu du Canada anglais. C’est un peuple debout sur une langue fragile, et pourtant plus forte que bien des frontières.

On dit souvent que le Québec est un miracle linguistique. Mais les miracles, ça ne tombe pas du ciel. Ça se cultive. Ça se défend. Ça se parle, surtout. Et parfois, ça se hurle doucement au coin d’une rue, entre deux cafés branchés, pour que personne n’oublie.

Les États-Unis nous inondent de leurs images, de leurs mots, de leurs musiques, de leurs séries. Le Canada anglais nous entoure de ses institutions, de ses acronymes, de ses injonctions bureaucratiques. Et pourtant, au milieu de tout ça, il y a cet homme sans adresse qui cite L’Avare, et qui dit mieux que bien des éditorialistes ce qu’est le cœur du Québec : une fidélité à la langue, même quand tout fout le camp.

Il m’a lancé :
— C’est dans “Dom Juan”, celle-là. Tu l’as reconnue ?
J’ai hoché la tête.
— Ben. Tu vois. T’es pas pire.

Puis il a ri. Un rire franc, québécois. Sans honte.
Je lui ai donné une bouteille d’eau. Pas parce qu’il avait récité du théâtre. Mais parce qu’il m’avait réveillé.

Dans un autre pays, il aurait été ignoré. Effacé. Enfermé peut-être. Ici, il devenait poète public, gardien de mémoire, acteur involontaire de notre culture. Et je me suis dit : si on n’est pas capables de voir le Québec dans ses margins, on ne le verra jamais nulle part.

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Parce que ce pays n’est pas seulement fait de musées, de lois, de spectacles subventionnés. Il est fait de ces moments-là. De ce français lancé à la face du monde comme une bouteille à la mer.

Quand je suis parti, il m’a lancé une dernière citation, presque comme une bénédiction :

“Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre,
Le fond de notre cœur, dans nos discours, se montre ;
Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments
Ne se masquent jamais, sous de vains compliments. […]”

(Molière, Le Misanthrope)

Je ne sais pas s’il l’avait retenue de mémoire ou s’il l’avait recousue de sa propre douleur. Et franchement, je m’en fous.

Ce jour-là, j’ai vu le Québec debout, sans toit, sans statut, mais droit dans sa langue.
Et c’était beau. Parce que c’était vrai.

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Thélyson Orélien

Thélyson Orélien

Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

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