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Accueil Chroniques

La pomme au bout de la main

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
15 septembre 2025
dans Chroniques, Le pays dans les détails
Temps de lecture: 7 minutes
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(Le pays dans les détails — Détail 7)

Mi-septembre, c’est ce moment de l’année où l’air du matin commence à piquer les joues, mais pas encore assez pour réclamer la tuque. Le soleil s’amuse à jouer au caméléon : à midi, il se croit encore en juillet, mais sitôt 17 h, il se souvient qu’il est bel et bien en septembre. Au Québéc, nous savons lire ce langage mieux que quiconque. Pas besoin d’un calendrier : il suffit de voir les files de voitures qui serpentent vers Rougemont, Oka ou Mont-Saint-Hilaire pour comprendre que c’est le temps des pommes.

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L’autocueillette de pommes, c’est plus qu’une activité saisonnière. C’est l’activité de transition été-automne par excellence. On ne tourne pas la page de l’été avec une date dans l’agenda, mais avec un sac de pommes rempli à la main. On y va en famille, avec les enfants qui courent entre les rangées, ou entre amis, comme une sortie presque spirituelle. Il y a des gestes qui deviennent des rites : attraper la branche, tourner légèrement la pomme, la détacher sans la brusquer, comme on le ferait avec une idée fragile qu’on veut préserver

Dans un verger du Québec, tout est détail. L’odeur légèrement sucrée qui flotte dans l’air, les rires qui se mêlent aux abeilles, le bruit sec des pommes qui tombent dans les paniers, les bottes qui s’enfoncent dans la terre. On croirait une fresque rurale, mais en réalité c’est un rituel urbain : les familles de Montréal, de Québec et de tant d’autres villes qui s’arrachent un moment de répit traversent des kilomètres d’autoroute pour ce retour symbolique à la terre. Et il y a toujours un « plus » gourmand. Les vergers québécois ne se contentent plus d’offrir des pommes. Il y a la tarte encore chaude, le jus frais pressé, le cidre pétillant pour les adultes, la croustade qui embaume la cabane. Ce « plus », c’est comme une récompense. Parce que cueillir des pommes, ce n’est pas seulement remplir des sacs : c’est remplir un moment de vie qu’on veut prolonger.

On pourrait croire que cueillir une pomme, c’est un geste banal. Et pourtant, quelle leçon discrète. Chaque pomme sur la branche a son temps. En la cueillant trop tôt, elle est acide, pleine de promesses mais incapable d’être goûtée. Trop tard, elle se ramollit, perd sa fraîcheur, attire les guêpes. Cueillir une pomme, c’est apprendre le juste moment. C’est la vie entière, réduite à un petit fruit rond : savoir attendre, mais pas trop.

Il y a aussi une humilité dans le geste. La pomme est à portée de main, mais elle n’est pas à nous tant qu’on n’a pas pris le temps de la tourner doucement. L’arbre nous tolère, il nous prête son fruit. On repart avec des sacs remplis, mais jamais sans une forme de gratitude. C’est peut-être pour ça que la pomme a traversé les siècles, qu’elle est entrée dans nos contes et nos symboles : elle nous rappelle qu’il y a toujours un fruit à saisir, mais qu’il faut le faire avec soin.

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Le Québec peut s’enorgueillir de ses vergers. De septembre à octobre, la province se transforme en immense marché à ciel ouvert. Des dizaines de variétés se succèdent : la McIntosh, la Cortland, la Lobo, la Honeycrisp. Chacune avec sa personnalité, chacune avec son rôle. La McIntosh, croquante et acidulée, la plus connue, presque une ambassadrice. La Cortland, douce, idéale pour les salades de fruits parce qu’elle ne brunit pas. La Honeycrisp, récente mais déjà star, sucrée, presque éclatante. Il y a dans cette abondance quelque chose qui nourrit la fierté québécoise. On aime se dire qu’on n’a pas besoin d’aller chercher ailleurs ce que la terre d’ici nous donne. Et quand on croque dans une pomme cueillie soi-même, il y a cette satisfaction silencieuse : c’est à nous, ça vient de chez nous.

On parle souvent des saisons comme des frontières. L’été s’arrête, l’automne commence. Mais en réalité, le Québec aime les zones de transition. L’autocueillette de pommes, c’est ce moment suspendu entre deux états. On quitte les maillots, mais on n’a pas encore sorti les manteaux d’hiver. On prend la route vers le verger, vitres ouvertes, avec les restes d’été dans le regard et déjà l’odeur de l’automne au coin du nez. Et cette activité nous apprend quelque chose de rare : savourer l’entre-deux. Dans un monde obsédé par les résultats, la pomme nous invite à profiter du chemin. On ne vient pas seulement pour le sac rempli à la fin. On vient pour marcher entre les arbres, goûter sur place, rire quand une pomme tombe sur la tête d’un ami, s’asseoir dans l’herbe avec une tarte encore tiède.

Ici nous vivions dans des villes qui courent. Montréal s’emballe, Québec se presse, même les villages se dépêchent. Mais il suffit d’un samedi de cueillette pour que tout ralentisse. Les téléphones captent mal dans les vergers, et c’est peut-être la meilleure des choses. Ici, on ne scrolle pas : on grimpe sur une branche pour attraper celle qu’on veut. C’est une sagesse rurale, mais offerte à tous : parfois, pour mieux avancer, il faut accepter de cueillir lentement.

De cette cueillette, on peut tirer mille morales, mais trois me paraissent essentielles :

La patience récompense : Une pomme trop tôt cueillie ne sera jamais meilleure qu’une pomme au bon moment. Dans la vie, certaines choses exigent d’attendre.

Le geste compte autant que le fruit : Si on arrache la pomme, on brise la branche. Si on la tourne doucement, on garde l’arbre vivant. Il y a dans chaque geste une façon de préserver l’avenir.

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L’abondance est une fête partagée : Cueillir seul, c’est remplir un sac. Cueillir en famille ou entre amis, c’est remplir une mémoire commune.

Ce qui fait une nation, ce ne sont pas seulement ses lois ni ses drapeaux, mais ses petits rites collectifs. Au Québec, il y a la cabane à sucre au printemps, les épluchettes de blé d’Inde en août, et la cueillette de pommes en septembre. Des détails, oui, mais qui tissent une culture, qui donnent le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus vaste que soi. Le verger devient alors une petite patrie. On y marche avec l’assurance de faire partie d’un peuple qui a su transformer un simple fruit en symbole de passage, de continuité, de convivialité.

En rentrant à la maison, on range les pommes dans le frigo, on en laisse quelques-unes sur la table. On en croque une en se disant qu’elle a meilleur goût que toutes celles du supermarché. Peut-être est-ce psychologique, peut-être pas. Mais ce n’est pas ça qui compte. Ce qui compte, c’est le souvenir de la journée : le soleil qui déclinait entre les branches, les doigts collants de jus, le rire d’un enfant qui a découvert qu’une pomme pouvait être une aventure.

Il y a des nations qui s’écrivent à coups de sabres, de barricades et de proclamations solennelles. Elles se définissent par leurs grands hommes, leurs batailles fondatrices, leurs indépendances arrachées au prix du sang. Le Québec, lui, n’a nullement besoin de procéder ainsi. Sa force est ailleurs, dans un récit qui se déploie sans tonnerre ni clairons, mais avec une douceur obstinée. Ici, l’identité ne se mesure pas seulement dans des votes ou des slogans, mais dans un geste simple, répété chaque automne : tendre la main vers un fruit mûr et le cueillir à temps et avec soin.

Chaque pomme cueillie devient alors une petite affirmation de souveraineté : la preuve qu’un peuple peut se définir non par la conquête violente, mais par la capacité tranquille de transformer ses traditions en territoire symbolique, cultivé et partagé. Et si le pays à soi, le vrai, commençait justement là ? Dans cette liberté douce de se raconter soi-même à travers une tradition ordinaire, dans la fierté tranquille d’un peuple qui sait voir, dans un fruit banal, le symbole d’une culture qui lui ressemble.

Alors chaque automne devient une forme de référendum silencieux : celui des familles qui choisissent d’aller ensemble vers le verger, de dire Oui majoritairement à un geste qui leur ressemble. C’est un vote tranquille pour la continuité, pour la transmission, pour cette terre qui nourrit et qui rassemble. Chaque pomme cueillie devient un bulletin sans papier, une manière de dire : nous existons, nous nous reconnaissons, et nous avons nos propres saisons pour le prouver.

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Bonne cueillette !

—————————

📝 Cette chronique fait partie de la série « Le pays dans les détails » — un rendez-vous hebdomadaire chaque lundi.

📬 Vous pouvez réagir, partager votre propre détail ou répondre à : contact@thelysonorelien.com

📖 Pour lire les autres textes : visitez le blog LBTO — Le Blog de Thélyson Orélien : https://thelysonorelien.com/cat…/le-pays-dans-les-details/.

©️PHOTO : Image Libre de droit, Pixabay

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Thélyson Orélien

Thélyson Orélien

Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

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