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Accueil Chroniques

Une ville sous la ville

Thélyson Orélien Par Thélyson Orélien
21 octobre 2025
dans Chroniques
Temps de lecture: 6 minutes
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Il y a des villes qu’on rencontre par hasard, comme on croise une chanson qu’on n’attendait pas, et il y a celles qui vous avalent tout entier avant même que vous ayez le temps de dire « pardon », et Montréal, elle, ne m’a pas seulement avalé, elle m’a digéré avec douceur, comme une mère qui mâche le manioc pour son enfant avant de lui tendre la bouchée tiède.

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C’est peut-être pour ça que la première fois que j’ai posé le pied sur son sol, j’ai eu l’impression d’entrer dans un ventre vivant, un ventre illuminé, organisé, où même les couloirs ont une respiration, et le plus incroyable dans tout ça, ce n’était pas les immeubles, ni les rues bien tracées, ni les trottoirs qui ne se tordent pas de honte comme ceux de ma province, non, c’était ce qui se trouvait sous la ville : un autre monde, un labyrinthe qui marche, gronde, parle, vibre, et avale des foules à chaque minute, et les recrache à l’heure juste comme une montre cardiologique, j’ai su ce jour-là que je venais d’arriver dans un pays qui fabrique de la précision comme d’autres fabriquent du chaos.

Je me rappelle encore la première descente dans le métro : je croyais pénétrer dans le futur, ou au moins dans un roman de Jules Verne où les humains vivent dans le ventre de la terre, je regardais les escalators comme des rivières mécaniques, les gens qui montaient et descendaient sans se pousser, sans s’insulter, sans se demander « c’est à qui la priorité ? », et j’étais là, figé, bouche entrouverte, comme si j’étais tombé amoureux d’un escalier, moi qui venais d’un endroit où même les marches en béton semblent fatiguées de porter des gens, je ne savais pas qu’un escalier pouvait être poli comme un majordome.

Et puis l’ascenseur ! Cet ascenseur ! Cette boîte magique qui vous soulève sans effort, comme si la gravité n’était qu’une rumeur, comment des humains avaient-ils réussi à enfermer la verticalité dans un cube de métal ? J’ai regardé les parois brillantes, les chiffres lumineux, les portes qui s’ouvrent et se referment comme si elles obéissaient à une religion stricte, et j’ai pensé : « Ici, même les portes ont de la discipline. »

Ce n’était pas seulement de la modernité, c’était de la confiance bétonnée : pour creuser si profond sous la ville, il faut croire en quelque chose, croire à l’avenir, croire que les hivers passent, que le progrès n’est pas une illusion, croire que les humains peuvent s’accorder au millimètre près, moi je venais d’un pays où on creuse souvent pour enterrer ou pour fuir, mais pas pour bâtir un métro. Le métro de Montréal n’est pas qu’un transport, c’est une preuve d’optimisme. Une cathédrale horizontale.

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Mais le plus fascinant, c’est ce qui entoure le métro : des dépanneurs cachés sous terre comme des oasis de lumière, des vendeurs de café qui sentent la chaleur même en février, des sourires pressés, des visages de toutes les couleurs, des sacs d’épicerie, des écouteurs dans les oreilles, des enfants qui rient, des travailleurs fatigués mais debout, une humanité horizontale qui se faufile entre les lignes vertes, oranges, bleues et jaunes comme une toile vivante. J’ai compris que sous la ville, il y a une autre ville, et que cette seconde ville tient la première debout. Le métro, c’est l’épine dorsale de Montréal, sa colonne vertébrale invisible.

Moi, petit garçon de province, je n’étais même pas censé me retrouver là. À Port-au-Prince, on m’a demandé si j’avais été emporté par les eaux du cyclone pour finir à la Capitale. Et me voilà au Québec, comme un débris miraculeusement aspiré vers le Nord. Quand je disais que je venais des Gonaïves, on me regardait comme si j’étais rescapé d’un mythe, un survivant des inondations bibliques, un naufragé du réel. Et pourtant, c’est ici, au Québec, qu’on m’a accueilli comme si j’étais attendu. Pas comme un immigrant, mais comme un voisin. On ne m’a pas demandé de prouver ma valeur, on m’a montré où se trouve la porte d’entrée.

Je n’oublierai jamais la sensation du premier « Bonjour ! » sincère qu’on m’a lancé dans le métro, ni le regard tranquille d’une vieille dame qui m’a laissé sa place parce qu’elle avait remarqué ma fatigue. Ici, j’ai senti qu’on pouvait être étranger sans être étranger à soi-même. La ville m’a laissé respirer. Elle m’a apprivoisé avec politesse. Elle m’a prêté ses trottoirs, ses métros, ses cafés, ses saisons.

Les bâtisseurs de cette province, on ne les voit pas toujours, mais on marche sur leurs épaules. Ils ont creusé pour que d’autres puissent s’élever. Ils ont tracé des lignes sous la neige et la ville a continué à vibrer. Ils ont inventé une géographie intérieure, où l’hiver ne dicte pas la loi, où la chaleur est une question d’architecture, pas seulement de soleil. Ce métro est un héritage. Un poème d’ingénierie. Un rappel que la civilisation, ce n’est pas ce qu’on montre, c’est ce qu’on cache pour que tout tienne.

Plus de quinze ans plus tard, je ne me considère plus comme un immigrant. Je suis un habitant du dessous et du dessus. Je connais les stations par cœur, je devine l’odeur du café à Berri-UQAM, je sais que les musiciens du métro ont parfois plus de noblesse que les politiciens de surface. J’ai marché sous Montréal comme on lit un livre : page après page, ligne après ligne, visage après visage. J’ai aimé cette ville non pas pour ce qu’elle promet, mais pour ce qu’elle tient.

On dit souvent que les métros se ressemblent tous : faux. Celui-ci respire autrement. Il a des mosaïques comme des poèmes muraux, des noms de stations qui sonnent comme des chapitres d’histoire : Lionel-Groulx, Snowdon, Pie-IX, Mont-Royal. Il y règne une discrétion polie, une fraternité silencieuse. On ne se parle pas toujours, mais on avance ensemble. On se serre un peu, mais on ne se heurte pas. C’est une danse réglée où chacun garde la dignité de l’autre.

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Et puis il y a ces instants magiques : un enfant qui chante, un inconnu qui aide une poussette, un étudiant qui tend un ticket à un touriste perdu, une vieille dame qui applaudit un saxophoniste. Montréal sous terre est une école de coexistence.

Ce que j’ai appris sous la ville, c’est que la vraie grandeur ne fait pas de bruit. Elle travaille dans le silence du béton et le souffle des machines. Elle ne cherche pas la gloire, elle cherche la continuité.

Je ne remercierai jamais assez ceux qui ont pensé cette ville en couches, qui ont compris qu’une société se construit aussi bien au niveau du sol qu’en dessous, que le confort collectif est une architecture morale. Chaque tunnel, chaque escalier, chaque ascenseur est une déclaration d’humanité.

Aujourd’hui, quand je descends dans le métro, je ne suis plus ce jeune homme ébahi. Mais je continue d’avoir une seconde de gratitude avant que le train n’arrive. Parce que je sais qu’ici, sous mes pieds, il y a des rêves coulés dans le ciment. Parce que je sais que je fais partie de cette ville désormais. Parce que je sais qu’on peut bâtir une civilisation… même dans le ventre de la terre.

Une ville sous la ville.

Et, quelque part entre les rails et le silence, une preuve que l’avenir se construit ensemble.

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Thélyson Orélien

Thélyson Orélien

Écrivain, chroniqueur et journaliste indépendant. Passionné par l'écriture, j'explore à travers ce blog divers sujets allant des chroniques et réflexions aux fictions et essais. Mon objectif est de partager des perspectives nouvelles, d'analyser des enjeux contemporains et de stimuler la pensée critique.

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