Une étudiante d’origine malienne m’a parlé de son pays, des malheurs qui frappent le Mali et de la situation alarmante dans le Nord. Une bande de terroristes, habillés de haillons, a mis en déroute l’armée gouvernementale, enlevé des femmes qu’ils violent et torturent, sous le prétexte fallacieux qu’elles ne sont pas intégralement voilées. Ces exactions sont justifiées par une lecture littérale de textes prétendument sacrés, qui, malgré l’évolution de nos sociétés, continuent de reléguer la femme au rang d’objet domestique, confinée à la maison pour satisfaire les besoins primaires de son mari. Ces hommes armés s’arrogent également le droit de vie et de mort sur leurs victimes.
En cette journée consacrée à la lutte contre la violence faite aux femmes, il est crucial que les principes du droit soient réaffirmés haut et fort, et que ces livres sacrés, qui exhalent l’odeur rance de l’ignorance, soient poliment refermés. Cessons de glorifier un intégrisme rétrograde qui refuse toute évolution sociale au nom de traditions archaïques, traditions qui voudraient aussi exclure les femmes des institutions académiques, comme cette brillante et intelligente Malienne que j’ai rencontrée durant le printemps d’Érables.
Alors que certains pays avancent vers une parité effective, propice à un développement multisectoriel harmonieux, d’autres s’enfoncent dans le refus de l’autre, préférant un système rétrograde, anachronique et sans fondement. Dans ces pays, les femmes, frappées d’ostracisme, sont perçues comme des pestiférées. Elles sont des objets de droit, non des sujets de droit. Dans ces contrées, la femme n’a même pas le droit d’accéder à l’éducation, de se rendre à l’hôpital, ou même de marcher dans la rue sans être accompagnée de son mari ou de son frère ; ses droits fondamentaux sont piétinés sans vergogne.
Les droits humains – qu’ils concernent les hommes, les femmes ou les enfants – définissent les facultés et les privilèges inhérents à l’être humain. Ces droits remontent à l’antiquité égyptienne, grecque ou romaine. Malgré le culte de la personnalité à cette époque, le pharaon n’avait pas droit de vie et de mort sur ses sujets. En Grèce antique, notamment à Athènes, les philosophes se penchaient sur la notion de droits de l’homme. Dans la république de Platon, l’accent était mis sur les divers régimes politiques et sur les avantages de la démocratie d’essence humaniste. À Rome, bien que la société fût patriarcale, le paterfamilias n’avait pas l’exclusivité du droit. Les citoyens étrangers, les pérégrins, jouissaient eux aussi de certains droits. Les jurisconsultes romains n’avaient pas une vision clanique du droit.
La Déclaration des droits de 1689, issue de la Glorieuse Révolution de 1688, affirmait explicitement que le roi ne pouvait suspendre l’application des lois. Le régime anglais s’inscrivait dans la philosophie de Locke, son théoricien, qui prônait le droit naturel, dont la sauvegarde ne pouvait être assurée que par des gouvernements émanant de la souveraineté nationale. La constitution américaine de 1787, quant à elle, consacrait l’inviolabilité de la propriété, le droit à la vie et à la poursuite du bonheur. Ce document inspira les philosophes français du XVIIIe siècle, et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 proclama que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit ; que le principe de toute souveraineté réside dans la nation ; que tous les citoyens, égaux devant la loi, sont également admissibles à tous les emplois publics, sans autres distinctions que celles de leurs talents ; et que nul ne doit être accusé, arrêté ou détenu que dans les cas déterminés par la loi.
À la faveur de la Révolution de 1789, des femmes revendiquèrent également leurs droits en tant qu’êtres humains. Olympe de Gouges, par exemple, laissa de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes, ainsi que pour l’abolition de l’esclavage des Noirs. Ces femmes voulaient soumettre à l’Assemblée législative française de 1791 une déclaration affirmant que la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droit. Les distinctions sociales ne pouvaient être fondées que sur l’utilité commune. Les mères, filles, sœurs, représentantes de la nation, demandaient elles aussi d’être constituées en assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme étaient les causes des malheurs publics, elles proposèrent d’explorer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels et inaliénables de la femme. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Par “êtres humains”, il faut entendre les hommes, les femmes et les enfants, sans distinction.
Aujourd’hui, l’expression “Droits des êtres humains” désigne un tout, une globalité : le droit de vivre, pour tous et toutes ; le droit de se nourrir, de se vêtir, de se loger ; le droit à l’éducation, au travail, à un mode de vie propre, aux soins médicaux, à l’information et à la liberté d’expression. En définitive, les droits de l’homme, de la femme et des enfants sont inclus dans les droits de la personne humaine, sans distinction de culture, de race ou de religion. Dans quelque recoin de la planète que ce soit, comme au Mali, si ces droits sont systématiquement violés ou ignorés, il incombe aux nations plus avancées de s’ingérer pour rétablir l’ordre, d’où le devoir ultime d’intervention.
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