Les cardinaux étaient tous dans la Cité du Vatican le 11 février dernier. Ils pensaient qu’ils allaient se réunir dans la salle du Consistoire afin d’entendre parler de canonisations imminentes. Au contraire, ils ont été abasourdis par l’annonce du pape Benoît XVI à propos de sa démission de la papauté à partir du 28 février.
L’ancien cardinal Joseph Ratzinger est devenu le chef du Saint-Siège le 19 avril 2005. Il est le premier pape à démissionner depuis Grégoire XII en 1415, qui avait mis un terme au Grand Schisme d’Occident, une crise pontificale qui a touché le catholicisme au tournant des XIVe et XVe siècles (1378-1417), divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux obédiences.
Une autre démission remarquable a eu lieu en 1294, lorsque Célestin V, en réponse à son propre sentiment d’inadéquation face aux charges politiques et financières de la papauté, a publié un décret autorisant le pape à démissionner. Le motif du pontife actuel est qu’il n’a plus les forces de l’esprit et du corps nécessaires pour l’exercice adéquat du ministère pétrinien.
La démission du pape ouvre la porte à un ministère vacant, mais comme le pontife n’est pas mort, c’est le Collège des cardinaux qui choisira en toute légitimité le successeur de Benoît XVI. Ils n’auront pas à tenir leur élection dans l’intervalle habituel compris entre 15 et 20 jours. Le conclave pourrait en théorie avoir lieu très peu de temps après la date butoir du 28 février. En tout cas, le cardinal supérieur prendra le relais du pape en fonction jusqu’à l’élection.
Après sa démission, Benoît XVI ne jouera plus aucun rôle dans l’Église. Il va probablement se consacrer à l’étude et au repos. Son héritage, néanmoins, sera presque bouleversé. Il a été élu après un discours très conservateur lors du conclave en 2005. Comme pape, il a lutté contre les éléments libéraux de l’Église et a également freiné l’œcuménisme, mouvement visant à rassembler les Églises chrétiennes en une seule.
Beaucoup plus controversé, cependant, à la tête du corps qui maintient la discipline parmi les prêtres, il a, sur le témoignage de certaines lettres présentées devant les tribunaux américains, entrepris au nom de l’Église de demander pardon pour les abus sexuels sur des mineurs perpétrés par des prêtres catholiques. Sur d’autres questions, il s’est opposé à la contraception, y compris l’utilisation du préservatif pour prévenir la transmission du VIH dans le mariage, à l’avortement en toutes circonstances et à la fécondation in vitro.
Quant à son successeur, l’idée gagne du terrain que le prochain pape devrait être africain ou latino-américain, mais le vote pourrait bien être influencé par le fait que la moitié du Collège des cardinaux est européenne, même si la majeure partie des pratiquants, parmi les 1,1 milliard de catholiques, vivent dans les pays en voie de développement.
En tout cas, beaucoup de cardinaux ont été nommés par Benoît XVI lui-même. Ainsi, l’Église de Rome est peu susceptible de voir des changements rapides au niveau doctrinal. Cela dit, le prochain pape, aux yeux de la plupart des catholiques, devrait être plus jeune et être un meilleur communicateur ou quelqu’un capable de répondre aux défis moraux et œcuméniques posés par la mondialisation.
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