Chaque année, les Conférences des Parties (COP) rassemblent dirigeants, experts et activistes du monde entier pour débattre des actions climatiques à venir. Pourtant, malgré des discours ambitieux et des promesses répétées, la réalité sur le terrain reste souvent en décalage avec ces engagements. La COP 29, qui s’est tenue en 2024 en Azerbaïdjan, n’a pas échappé à cette tendance.
Pour les peuples autochtones, qui représentent les premiers défenseurs des forêts et de la biodiversité, cette conférence était une occasion cruciale de faire valoir leurs droits et de plaider pour une gouvernance climatique plus inclusive. Mais ont-ils réellement été entendus ? Cet article revient sur les résultats de cette COP et analyse pourquoi, une fois de plus, les revendications des communautés autochtones ont été reléguées au second plan.
La COP 29 a été marquée par des discussions autour du financement de l’adaptation et de la transition énergétique. Les gouvernements des pays en développement ont réclamé des engagements financiers plus concrets pour les aider à faire face aux conséquences du changement climatique.
Cependant, les peuples autochtones n’ont pas été au centre des discussions. Bien que leurs territoires stockent d’énormes quantités de carbone et qu’ils subissent directement les effets du réchauffement climatique, les financements dédiés à leur protection restent marginaux.
Les représentants autochtones ont notamment dénoncé le manque d’engagements financiers pour les initiatives de conservation menées par les communautés indigènes. Sur les 100 milliards de dollars promis annuellement par les pays riches pour aider les nations vulnérables à lutter contre le changement climatique, une infime fraction est réellement destinée aux peuples autochtones.
Lors des négociations, plusieurs délégations ont salué le rôle des peuples autochtones dans la protection de la biodiversité. De nombreuses études ont prouvé que les territoires gérés par des communautés indigènes subissent une déforestation bien moindre que les autres zones protégées.
Cependant, ces reconnaissances restent souvent symboliques et ne se traduisent pas par des engagements concrets. Alors que les discussions sur les crédits carbone et les mécanismes de compensation financière étaient au cœur des débats, très peu d’initiatives ont réellement pris en compte les propositions des peuples autochtones.
L’une des principales critiques formulées lors de cette COP concerne le marché du carbone. Plusieurs pays et entreprises ont plaidé pour l’extension des mécanismes de compensation carbone à travers des projets de reforestation et de séquestration du CO₂. Or, ces projets sont souvent imposés aux communautés locales sans leur consentement, et parfois au détriment de leurs propres terres.
Un autre problème majeur de cette COP a été la marginalisation des représentants autochtones dans les négociations officielles. Malgré leur rôle crucial dans la conservation de la planète, les délégations autochtones ont eu du mal à se faire entendre face aux lobbies industriels et aux États réticents à reconnaître pleinement leurs droits.
Plusieurs leaders indigènes ont dénoncé le manque de représentation dans les panels décisionnels. Bien que certaines organisations autochtones aient pu s’exprimer dans des événements parallèles, leur influence réelle sur les accords finaux est restée très limitée.
L’absence de mécanismes garantissant la participation active des peuples autochtones aux négociations climatiques constitue un frein majeur à des décisions inclusives et efficaces. Sans un changement structurel, les COP risquent de continuer à reproduire un modèle où les grands États et les multinationales dictent l’agenda climatique, souvent au détriment des populations locales.
Pendant que la COP 29 se déroulait, les forêts amazoniennes, les savanes africaines et les territoires autochtones en Asie du Sud-Est continuaient d’être ravagés par l’exploitation illégale et les politiques destructrices.
L’un des cas emblématiques est celui du Brésil, où des groupes indigènes, comme les Yanomami et les Munduruku, se battent depuis des décennies pour protéger leurs terres contre l’exploitation minière illégale. Bien que le gouvernement brésilien ait promis de mieux protéger ces territoires, les activités illégales continuent à menacer la biodiversité et les populations locales.
En Afrique, plusieurs communautés autochtones ont été dépossédées de leurs terres sous prétexte de conservation, alors que des compagnies minières et pétrolières y opèrent sans restrictions. L’ironie est frappante : les peuples qui protègent le plus efficacement l’environnement sont souvent ceux qui subissent le plus d’injustices.
La COP 30, qui se tiendra au Brésil en 2025, sera une nouvelle occasion de placer les peuples autochtones au cœur des négociations climatiques. Cette fois-ci, la conférence se déroulera sur un territoire où les peuples indigènes ont un poids politique plus important.
Les leaders autochtones espèrent :
- Obtenir une reconnaissance officielle de leurs droits territoriaux au sein des accords climatiques.
- Garantir un accès direct aux financements internationaux pour leurs projets de conservation.
- Faire entendre leur voix dans les négociations sur les marchés du carbone, pour éviter que ces mécanismes ne se transforment en instruments de spoliation de leurs terres.
Mais pour que ces revendications aboutissent, la mobilisation internationale doit être plus forte. Il est impératif que les gouvernements, les ONG et la société civile appuient ces demandes et fassent pression pour une gouvernance climatique plus juste.
La COP 29 a une nouvelle fois illustré l’écart entre les discours politiques et la réalité sur le terrain. Bien que la reconnaissance du rôle des peuples autochtones soit de plus en plus mise en avant, les mesures concrètes pour les protéger et les inclure dans la gouvernance climatique restent insuffisantes.
À un an de la COP 30, la question reste entière : le prochain sommet climatique marquera-t-il enfin un tournant dans la reconnaissance des droits des peuples autochtones, ou s’agira-t-il d’une nouvelle occasion manquée ?