Les États-Unis manifestent une attitude collective de non-conformité, reflet d’une société en tension. Si certains facteurs d’irritation sont liés à la conjoncture économique, d’autres traduisent une frustration profonde face à des enjeux internationaux complexes. Le mécontentement généralisé imprègne un climat politique tendu, qui entrave toute initiative gouvernementale nécessitant l’approbation du Sénat et de la Chambre des représentants.
Dans l’hypothèse où les républicains obtiendraient la majorité au Sénat lors des élections de novembre, l’obstruction législative ne ferait que s’intensifier. Cette absence d’harmonie au sein du Congrès ne paralyserait peut-être pas entièrement l’action du président Obama, mais elle pourrait limiter considérablement l’efficacité de son programme, le contraignant à des compromis permanents.
Chômage en baisse, inégalités en hausse
Les États-Unis semblent engagés sur la voie d’une reprise économique durable. Le taux de croissance annuel anticipé, bien que modeste, dépasse celui des autres pays développés. Dans un article intitulé In Defense of Obama, publié début octobre dans le magazine Rolling Stone, Paul Krugman, célèbre blogueur du New York Times et prix Nobel d’économie, autrefois critique acerbe de Barack Obama, le présente désormais comme l’un des présidents américains les plus performants.
Krugman dresse une liste de 55 chiffres clés qui témoignent de l’ampleur du travail accompli par l’actuel locataire de la Maison Blanche. Parmi ces chiffres, celui qui frappe le plus est la baisse significative du taux de chômage, passé d’environ 10 % au moment de la crise bancaire et financière de 2008-2009 à 5,9 % la semaine dernière. De plus, les dernières données macroéconomiques indiquent que le déficit budgétaire a atteint son niveau le plus bas depuis 2008, s’établissant à un tiers de ce qu’il était alors.
Cependant, l’économie américaine peine à redistribuer équitablement ses fruits. Le bien-être des familles à faibles revenus et de la classe moyenne demeure précaire, créant un malaise persistant malgré la publication d’indicateurs économiques positifs. Les récentes réformes économiques semblent favoriser de manière disproportionnée les secteurs du patronat, accentuant ainsi la stagnation du revenu réel des travailleurs de la classe moyenne et de la population active.
Les inégalités n’ont jamais été aussi criantes depuis un siècle. Le coût de la vie augmente, les riches s’enrichissent davantage, tandis que les pauvres s’appauvrissent. Les coûts associés au sauvetage des institutions financières en situation d’insolvabilité ont révélé que les avantages perçus par leurs dirigeants étaient souvent injustifiés, renforçant le sentiment d’un « modèle économique injuste ». Des études empiriques soulignent une inégalité croissante et des comparaisons peu flatteuses avec d’autres pays industrialisés.
Affaires internationales : entre interventionnisme et repli
L’attitude des États-Unis face aux problèmes internationaux se manifeste de diverses façons. En ce qui concerne les tensions au Proche-Orient et au Moyen-Orient, les expériences des guerres en Afghanistan et en Irak laissent encore des séquelles douloureuses. Les tentatives d’instaurer des valeurs démocratiques dans des sociétés aux traditions culturelles profondément ancrées se sont avérées infructueuses.
L’appareil militaire américain, conçu pour affronter des forces armées étatiques, n’est pas adapté à la lutte contre des groupes irréguliers motivés par le fanatisme religieux. Les interventions limitées, comme l’engagement contre les combattants de l’État islamique (EI), se révèlent difficiles à justifier auprès du public.
Pour les conflits périphériques qui ne constituent pas une menace directe pour la sécurité nationale, la tendance à Washington est de maintenir un profil bas, laissant aux puissances régionales directement concernées le soin de prendre leurs propres initiatives.
Les critiques incessantes sur l’ingérence et l’impérialisme américains ont contribué à ancrer l’idée que la richesse des États-Unis était due à une exploitation éhontée du reste du monde. Cette perception, oscillant entre stéréotype et cliché, mérite toutefois d’être nuancée. Dans bien des cas, le rôle mondial que les États-Unis ont assumé leur a coûté cher, y compris sur le plan humain.
La lassitude face aux responsabilités mondiales se fait également sentir dans le domaine économique. Le soutien politique à des entités comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’effrite. Les réformes imposées à certains pays (dévaluation des devises, promotion des exportations au détriment des cultures vivrières, libéralisation du commerce, réduction des restructurations imposées aux investissements étrangers et privatisations) suscitent de moins en moins d’adhésion. Le climat aux États-Unis semble peu réceptif aux propositions visant à renforcer même les mécanismes de coopération économique internationale.
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