Chères lectrices, chers lecteurs d’un peu partout,
Le Canada, comme de nombreux pays, possède une histoire riche, belle mais aussi parsemée d’ombres. Une de ces ombres, c’est celle des pensionnats autochtones, une cicatrice encore ouverte. Mais le Canada a décidé de ne pas oublier, de se souvenir, et surtout de se réconcilier. Chaque année, le 30 septembre, nous célébrons la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.
Pour comprendre l’importance de cette journée, il faut connaître son origine. Elle a vu le jour suite au rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Cette commission avait pour mission d’enquêter et de documenter les sévices commis envers les peuples autochtones dans les pensionnats. L’une de ses recommandations, parmi 94, était la création de cette journée.
En tant qu’auteur canadien et haïtien, je suis profondément conscient de la diversité et de la complexité des histoires de la souffrance humaine, ayant moi-même un héritage façonné par la douleur de l’oppression et de l’esclavage. Mes ancêtres étaient des esclaves, asservis et opprimés, et leur histoire résonne en moi chaque fois que j’explore les récits des peuples qui ont souffert de la tyrannie et de l’injustice.
Je ne peux m’empêcher de remarquer à quel point les souffrances endurées par les peuples opprimés, peu importe leur origine ou leur histoire, présentent des similitudes frappantes. Les conséquences dévastatrices des pensionnats autochtones au Canada ne sont pas si différentes des blessures profondes et persistantes laissées par l’esclavage et le colonialisme dans d’autres parties du globe, comme Haïti. Ces systèmes brutaux de suppression et d’exploitation ont laissé des cicatrices intergénérationnelles, créant des traumas qui continuent d’affecter les individus et les communautés à ce jour.
Il est essentiel que nous reconnaissions et comprenions ces histoires de souffrance afin de construire un avenir plus juste et plus inclusif. En tant que tel, nous devons éduquer et nous souvenir, pour nous assurer que les injustices du passé ne se répètent pas, et pour travailler ensemble à la création d’un monde où la dignité, l’équité et le respect sont accordés à tous.
L’histoire derrière cette journée, marquée par la tragédie des pensionnats autochtones, est sombre. Ces institutions ont été le théâtre de souffrances inimaginables pour de nombreux enfants autochtones. Beaucoup d’entre eux ne sont jamais retournés chez eux, laissant des cicatrices profondes dans leurs familles et leurs communautés. La commémoration publique de ces histoires douloureuses est une étape essentielle dans notre parcours vers la réconciliation.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, bien que marquée par un poids historique de douleur et de souffrance, sert également de plateforme pour la symbolique et la solidarité, incarnées par le port du chandail orange. Ce geste trouve son origine dans l’histoire poignante de Phyllis Webstad, une femme autochtone, qui, enfant, fut dépossédée de son chandail orange brillant, un cadeau de sa grand-mère, lors de son premier jour dans un pensionnat autochtone. Ce chandail, pour Phyllis, représentait son individualité et son estime de soi, deux choses que ces pensionnats tentaient d’effacer dans leur cruel dessein d’assimilation forcée.
L’histoire de Phyllis n’est pas isolée; elle est le reflet de l’expérience de milliers d’autres enfants autochtones. Ce chandail orange est désormais un symbole de résistance et de mémoire, rappelant les injustices subies par les peuples autochtones, et appelant à la justice, à la reconnaissance et au respect de leurs droits.
Le port de ce chandail en cette journée est un cri silencieux contre l’oubli, un appel à la réflexion sur les injustices passées, et une démonstration de solidarité avec les victimes des pensionnats autochtones. C’est une manière pour tous, quelle que soit leur origine, de participer activement au processus de réconciliation en honorant la mémoire de ceux qui ont souffert et en affirmant leur engagement envers la vérité et la justice.
Au-delà de la douleur, il y a aussi une profonde injustice. Une injustice qui se manifeste par le mépris, la discrimination et même la haine. L’histoire tragique de Joyce Echaquan en est un exemple. Morte à l’hôpital de Saint-Charles-Borromée au Québec, victime de préjugés et d’injures racistes, son histoire rappelle la nécessité d’un changement profond dans notre société.
La question de l’esclavage des Autochtones est également une partie sombre de notre histoire, souvent occultée. Nombre de Canadiens ignorent encore que des Amérindiens, notamment des Pawnees, ont été réduits en esclavage sur le territoire actuel du Canada.
La loi canadienne a finalement reconnu la nécessité de cette journée, même si son application varie d’une province à l’autre. Cela rappelle que la réconciliation est un chemin long, sinueux et compliqué. Mais il est nécessaire. Car la réconciliation n’est pas seulement un devoir envers les victimes du passé, elle est aussi un espoir pour l’avenir.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est donc un appel à la réflexion. Réfléchir sur notre histoire, sur nos actions, sur nos préjugés. C’est un appel à la conscience, à la compréhension et, finalement, à l’amour. Car sans amour, sans empathie, sans respect mutuel, il n’y a pas de réconciliation possible.
Chers lecteurs, où que vous soyez, je vous invite à vous joindre à nous, dans cette réflexion. Car le chemin de la réconciliation est universel, et il commence par la vérité.
Avec tout mon respect…
Thelyson Orelien
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