FRANCE – L’humoriste Raymond Devos aurait probablement trouvé une source d’inspiration dans la dernière initiative de l’Ademe (Agence de la transition écologique).
Dans une publicité audacieuse, l’agence a introduit le concept du « dévendeur », une figure singulière qui déconseille l’achat de produits neufs. Cette idée, qui s’apparente à un oxymore, se veut une réflexion humoristique sur l’impératif de consommation qui domine la société, notamment lors de périodes de soldes massives comme le Black Friday.
Cette initiative n’a cependant pas été du goût de tous, particulièrement des commerçants qui y ont vu une remise en question de leur profession. Le débat a rapidement pris une tournure polémique, impliquant des acteurs variés.
Au cœur de cette polémique, deux ministres français, Christophe Béchu et Bruno Le Maire, se sont positionnés de manière opposée. Béchu, en tant que ministre de la Transition écologique, soutient l’idée, tandis que Le Maire, ministre de l’Économie, s’y oppose. Cette divergence reflète les tensions inhérentes à notre société face aux défis écologiques.
Le secteur du textile illustre parfaitement cette problématique. En France, la consommation de textiles a augmenté de 60 % en quinze ans, avec une durée de vie des vêtements deux fois plus courte qu’en 2000. L’invitation à renoncer à l’achat de nouveaux produits menace donc directement un secteur économique qui repose sur cette surconsommation.
La campagne de l’Ademe soulève la question de l’acceptabilité des mesures visant à réduire l’empreinte carbone. Les commerçants, directement impactés par une éventuelle baisse des ventes, perçoivent le concept du « dévendeur » comme une menace pour leur modèle économique.
Cependant, le message de l’Ademe peut être perçu comme excessivement culpabilisant envers le consommateur. Cette approche simpliste ignore la complexité d’un système économique qui pousse à la surproduction et à la consommation excessive. Le consommateur, souvent considéré comme l’ultime responsable, est en réalité le produit d’une société de l’abondance.
Face à ces « structures de péché » – termes employés par l’Église catholique depuis Jean-Paul II pour décrire les systèmes sociaux et économiques contraignants – les individus se retrouvent dans une position délicate. Bien que le clip de l’Ademe encourage à un discernement dans l’acte d’achat, il omet de reconnaître que la résolution du problème de l’empreinte carbone nécessite une remise en question du modèle économique global, plutôt qu’une simple modification des habitudes de consommation individuelles.
Le clip de l’Ademe, tout en cherchant à promouvoir une consommation plus responsable, risque de simplifier à outrance un débat complexe et crucial. La crise climatique requiert une approche systémique, allant au-delà des seules pratiques de consommation, pour s’attaquer aux racines mêmes de notre modèle économique et social.
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